Rebel Rebel
Esprit rock
Aborder le rock via le prisme de l’art contemporain : voilà le nouveau défi du MAC’s. Bien plus qu’une exposition dédiée à un style musical, Rebel Rebel porte un regard politique, économique et anthropologique sur notre société. Il est ici question de quête d’identité, de dévotion et… de rébellion, of course !
D’emblée, on note l’hommage à Bowie. « Pour autant, j’aurais nommé cette expo Rebel Rebel même s’il n’était pas mort, souligne Denis Gielen, le directeur du MAC’s. La rébellion, c’est la remise en cause des acquis des générations précédentes, l’utopie, des idées que partagent les arts plastiques et le rock ». En filigrane, on trouve ainsi la figure de l’adolescent, éternel révolté et acteur majeur de ce courant. Elvis Presley n’avait en effet pas 20 ans lorsqu’est sorti That’All Right (Mama) en 1954. Accélérant un morceau de blues d’Arthur Crudup, sa chanson marque la naissance de la musique du Diable, comme nous le rappelle dès l’entrée ce rébus de Jean-Michel Alberola. On l’aura compris, il ne s’agit pas ici de se prosterner devant des reliques de l’histoire du rock, mais de convoquer son esprit. Punk, notamment, comme les oeuvres de Steven Parrino, artiste proche des Ramones qui capture cette énergie destructrice en chiffonnant ses toiles et figurant « la distorsion, cet effet propre aux guitares électriques ». Tout aussi destroy : Alan Vega. Dans un même rejet de la sociétéde consommation, le leader de Suicide ramassait des déchets, des ampoules, des câbles, pour créer ses crucifix.
Religion
Politique donc, l’accrochage n’en demeure pas moins critique avec son objet. Ainsi, le Bruxellois Jacques André accumule sur un grand mur des centaines de pochettes de vinyles des icônes d’antan (Neu!, Iggy Pop…) raillant cette révolution contre-culturelle des années 1960 « complètement digérée par la société de consommation et muée en marchandise ». La dernière salle prend à contre-pied les attributs naturels du rock : le bruit, la vitesse. Ralenties, muettes, trois vidéos nous invitent à la contemplation. Tandis que des jeunes gens saisis en gros plan lors d’un concert semblent en pleine extase (Angelica Mesiti), Douglas Gordon décortique le jeu de scène satanique des Cramps. Au centre, le Belge David Claerbout nous plonge littéralement dans une photo intime de Presley (en 3D), prise à l’aube de sa carrière. « Son corps ressemble à une sculpture de marbre, tel le David de Michel-Ange ». Un être plus vraiment de chair, Dieu d’une religion éternelle. Oh yeah !
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Site internet : http://www.mac-s.be
Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h, à l’exception des périodes de montage et démontage d'exposition.