Le MusVerre
Nouveau souffle
Et hop, un nouveau musée dans le Nord-Pas de Calais, qui en compte déjà près de 200. Soit la région la mieux lotie dans l’Hexagone, derrière l’Île-de-France. Une particularité : celui-ci est dédié au verre, matériau qui fait la fierté de Sars-Poteries, commune de 1 500 âmes lovée dans l’Avesnois. Et pour cause…
Entre Sars-Poteries et le verre, c’est une longue histoire. Celle-ci débute en 1801 avec la famille Imbert, qui ouvre ici deux verreries. Hélas, cette production semi-industrielle s’éteint en 1937, victime de la concurrence de manufactures plus automatisées. L’affaire aurait pu s’arrêter là… sans l’arrivée en 1958 d’un homme providentiel : Louis Mériaux. Confronté à des habitants qui ont perdu travail et fierté, le curé saisit vite l’importance de ce savoir-faire, dénichant chez ses ouailles de véritables trésors : les bousillés. « Il s’agit de petits objets que les ouvriers créaient durant leur pause. Destinés à un usage personnel, ils expriment toute leur fantaisie et leur créativité » explique Aude Cordonnier, la directrice du MusVerre. Lampions, vaisselles, cannes… En 1967, Louis Mériaux monte avec ses trouvailles une première exposition au château Imbert – alors acquis par l’église – attirant près de 15 000 visiteurs ! C’est ainsi que le musée naquit. Il est suivi en 1976 d’un atelier puis d’un Symposium, en 1982. « Plus d’une centaine de créateurs internationaux sont invités. Cet événement fera de Sars-Poteries un lieu incontournable du verre, artistique cette fois ». En 1994, la départementalisation du site permet une ambitieuse politique de résidence et d’acquisition. Les oeuvres s’accumulent… jusqu’à rendre cette grande maison bourgeoise trop étroite.
Verdure et pierre bleue
C’est donc pour accueillir comme il se doit cette collection de plus de 3 500 pièces que le Département du Nord a imaginé cet écrin. Et le terme n’a rien de galvaudé. Le MusVerre comprend une surface de 3 500 m2 dont 1 000 consacrés aux expositions. Tout en pierre bleue (autre spécialité locale), le bâtiment adopte la forme d’un cristal de silice épousant un paysage en dénivelé. A l’intérieur, au sein de larges espaces blancs ou noirs, sur deux étages, on découvre une fabuleuse histoire de l’art, entre tradition et création contemporaine.
L’exposition permanente s’ouvre sur ces fameux bousillés, éminemment poétiques, telles ces pipes translucides ou ce verre « deux sous-quat’sous », utile au bistrot pour les débuts de mois heureux comme ses fins plus difficiles (voir photo ci-dessous)… En progressant, on voit comme la création s’émancipe de l’industrie pour l’art pur, à l’exemple du mouvement américain Studio Glass. Plus loin, une grande vitre offre un joli panorama sur le bocage et baigne de lumière cette robe en verre de Karen LaMonte, tandis que des alcôves offrent une lecture plus intimiste d’oeuvres classées par thème (la nature, l’étrange…). Celles-ci démontrent toute la virtuosité de ce matériau si difficile à apprivoiser. A l’image de la plasticienne belge Ann Veronica Janssens qui inaugure l’endroit, ce 1er octobre, avec une installation se jouant de nos sens. Désormais, le MusVerre s’affiche « comme un fer de lance du développement social et économique de ce territoire sinistré ». Il n’attendait qu’un nouveau souffle.
Le Musverre, en quelques chiffres
14,9 millions d’euros : soit le coût du MusVerre, projet porté par le département du Nord – dont 2, 25 millions d’euros de l’État (Plan Musées)
50 000 visiteurs attendus dès la première année.
800 tonnes de pierres bleues utilisées pour la construction du MusVerre.
800 bousillés conservés au MusVerre
750 oeuvres contemporaines en verre appartiennent au musée, soit la plus importante collection publique française.
Le MusVerre
Sars-Poteries, 76 rue du Général de Gaulle, tous les jours (sauf le lundi) : 11 h > 18 h, gratuit jusqu’au 31 décembre !*, +33 (0)3 59 73 16 16, musverre@lenord.fr *Tarifs normaux dès janvier 2017 : Exposition permanente et temporaire : 6 / 4 / 1,50 €, pass annuel individuel : 12 / 4 €