Les jardins de Valloires
50 nuances de vert
Au cœur de la très bucolique vallée de l’Authie, à Argoules, entre la Baie de Somme et le Pas-de-Calais, la terre et la mer, on trouve les cinq jardins de Valloires. Œuvre du paysagiste Gilles Clément, ce petit coin de paradis nous immerge dans un tableau vivant qui semble dessiné par la Nature elle-même.
En pénétrant ces lieux, on est d’emblée frappés par une certaine idée de la perfection. La balade débute par le « jardin régulier », une large et longue pelouse dans la pure tradition française, façon Le Nôtre. Elle est délimitée à une extrémité par un cloître végétal et ses petits arbres élégamment taillés, et de l’autre par une roseraie riche de 200 variétés, soit un étourdissant mariage de couleurs et de parfums. En arrière-plan de ce paysage nous domine l’abbaye cistercienne de Valloires. Cet édifice fondé au XIIe siècle, puis entièrement rebâti au XVIIIe, achève de nous démontrer ce que l’Homme peut accomplir de merveilles. Oui, tout cela est très « carré ». Mais en se dirigeant vers les sous-bois qui bordent cette première escale, changement d’ambiance…
5 000 plantes – Tout d’abord « Le jardin des îles », plus à l’anglaise, nous emmène sur des chemins sinueux où s’entremêlent dans un bazar végétal savamment orchestré toutes sortes d’espèces exotiques, du poivrier du Sichuan à l’arbre aux mouchoirs. Plus loin, place à la moiteur sauvage du « jardin des marais », bâti autour d’un bras mort de l’Authie, où l’on croise entre bambous et plantes grimpantes des écureuils ou des crapauds. On se rend compte alors qu’ici, on a pris le parti de laisser s’exprimer la Nature, d’accompagner son mouvement sans trop intervenir. « C’est une vraie leçon d’humilité », note Sophie Nothum, la directrice. Les spécimens de toutes origines se côtoient et se concurrencent.Voilà l’un des grands préceptes de Gilles Clément, paysagiste à qui l’on doit notamment le jardin du musée du quai Branly. Pour sa première grande œuvre (ici à Argoules en 1987) il a fait bon usage de ces huit hectares et de la collection de 5 000 plantes et arbustes dénichés aux quatre coins du monde par le pépiniériste Jean-Louis Cousin. « La particularité de cet endroit tient au fait que les espèces sont classées selon des critères esthétiques, plutôt que botaniques », précise Sophie Nothum. Gilles Clément ainsi travaillé comme un peintre, composant un gigantesque tableau avec les couleurs et parfums que lui offre la Nature.
Hommage au naturalise picard Jean-Baptiste Lamarck, « le jardin de l’Evolution » « a été conçu en paliers : plus on monte les étages et plus les plantes sont évoluées ». En bas, on trouve les préhistoriques fougères et autres Ginkgo Biloba, datant de 400 millions d’années, avant de découvrir des espèces à fleurs, à graines, jusqu’aux célèbres marguerites. « Le jardin des cinq sens » enfin, plus pédagogique, réveille l’enfant qui sommeille en nous, tout heureux de caresser les douces feuilles de ces « oreilles d’ours » (ou épiaires de Byzance, pour les spécialistes) et de goûter quelques framboises… On part d’ici en se souvenant que le premier des paradis était un jardin. On sait pourquoi maintenant.
Les jardins de Valloires, Argoules, 10 h > 19 h, 9 / 6,50 € (adultes), 5,50 / 4,50 € (enfants de 6 à 16 ans), +33 (0)3 22 23 53 55, jardinsdevalloires.fr