Quoi de neuf ?
Suede, Massive Attack, Joe Jackson, Tindersticks
Si vous pensez qu’un musicien aura toujours tout dit dans son premier album, alors passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remirent l’ouvrage sur le métier. Ces quatre noms font partie de notre décor – de celui de nos parents, parfois. Alors, chefs-d’oeuvre en péril ou monuments incontournables ?
Suede
Les plus : Dès 1993, Suede sonnait le glas du règne des grosses guitares grunge. Au programme : un néo-glam (forcément) androgyne, boosté à l’énergie punk rock mais laissant place à la finesse britannique (David Bowie, The Smiths…). Sans parler du maniérisme vocal de son leader, Brett Anderson. Dans le sillage de la bande, Blur, Denim, Saint Etienne, Pulp… Bref, le vaste fourre-tout Britpop.
Les moins : Passé les premiers albums, Suede s’est enlisé et le public s’est ennuyé. Cet énième come-back, accompagné d’un disque honorable, ne peut faire oublier que vingt ans ont passé. Forcément, l’excitation s’est émoussée.
Massive Attack
Les plus : Massive Attack a écrit quelques chapitres fondamentaux du trip-hop : ses trois premiers albums, parus entre 1991 et 1998. Mêlant lourdeur enfumée du dub, sensualité soul, approche hip-hop et électronique, le gang de Bristol abattait toutes les chapelles. Ces disques n’ont pas pris une ride.
Les moins : A partir de 100th Window, le cœur n’y est plus. Chamailleries, départs de certains membres, disques qui n’ont plus la force de leurs prédécesseurs… Cependant, un nouvel LP est annoncé, et Tricky serait de la partie. On verra.
Joe Jackson
Les plus : Apparu en pleine explosion punk rock, ce chanteur avait déjà l’air vieux. En fait, c’était un sage, doté d’une classe intemporelle. Look Sharp ! (1979) comme le clamait son album le plus emblématique. Depuis, Joe Jackson a touché à tout, de la pop au jazz.
Les moins : Songwriter génial, fine plume, observateur affûté de ses contemporains… On en a encore en stock, du blabla laudateur. N’empêche, on est comme tout le monde : au blind test, on le confond toujours avec Elvis Costello.
Tindersticks
Les plus : 24 ans, 11 albums. Plusieurs renaissances. Et toujours cette élégance suave, virile et hors du temps. Stuart A. Staples et les siens incarnent une certaine idée du raffinement. Un parfum de whisky écossais, des vestes en tweed et de la mélancolie. Beaucoup de mélancolie.
Les moins : Depuis quelques années, la formation nous fait le coup de la tournée d’adieu. Mais revient toujours. Le dernier LP en date, The Waiting Room, s’accompagne de films assez dispensables. Voilà. C’est tout ce qu’on a trouvé à leur reprocher. Et encore, on s’est forcé.