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Mondes et merveilles

BANDITS, Myths and Legends

Sean MacLeod est un artiste complet, aussi à l’aise avec un crayon, un pinceau ou un appareil photo, dans le travail documentaire ou fictionnel. Originaire de Toronto, désormais installé à Genève, ce grand voyageur nous entraîne à travers sa série Myths and Legends dans des mondes fantastiques où les princesses se noient dans leurs larmes et où les forêts abritent d’intrigants personnages. Il nous dévoile ses secrets de fabrication.

Comment êtes-vous devenu photographe ? D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours créé. Quand j’étais tout jeune je prenais des photos avec le mini-appareil de ma mère et le 35mm de mon père. Je suis quasiment né dedans.

Comment décririez-vous votre travail ? « Détaché du monde » sont les mots qui correspondent le mieux. Je me considère un peu comme un conteur et les histoires de Myths and Legends se situent dans un autre temps et un autre espace.

Comment travaillez-vous ? Il s’agit presque de peinture d’une certaine manière. J’aime dessiner, alors je réalise d’abord une esquisse de mon idée. Une fois qu’elle a été posée sur le papier, je construis ou rassemble les objets dont j’ai besoin. Parfois je suis aidé par un coiffeur, un maquilleur, mais généralement je fais quasiment tout moi-même.

C’est-à-dire ? J’ai par exemple fabriqué la grande perruque de Waiting for Birds. Ensuite je photographie les modèles sur un fond uni, en lumière naturelle, dans mon jardin. La tête, le corps et le cou sont pris séparément. En arrière-plan, j’utilise des clichés de paysages pris à l’occasion de mes voyages. Enfin, j’assemble le tout par ordinateur. Généralement, il me faut 20 à 30 images pour produire une seule illustration.

WAITING FOR BIRDS, Myths and Legends

WAITING FOR BIRDS, Myths and Legends

Considérez-vous votre travail comme surréaliste ? On pense à Guillermo Del Toro devant certaines de vos images…   Oui, mon travail a assurément une forte dimension surréaliste mais il développe aussi des thèmes narratifs sollicitant notre imaginaire. Je vois pourquoi vous mentionnez Del Toro, quel compliment ! Ma prochaine série, Souls, s’annonce d’ailleurs plus surréaliste.

Vous pouvez nous en parler ? Dans ces images, il n’y a pas de véritable costume, ni de corps, seulement la noirceur. Il ne reste plus que l’âme. Il s’agit d’une sorte de purgatoire, où les âmes demeurent, si effectivement elles se rendent quelque part.

SOULS, PROTECTION

SOULS, PROTECTION

Le fantastique vous attire ? Ado, j’ai passé beaucoup de temps à lire et à dessiner des comics. Je pense que je viens de là. J’ai toujours été attiré par d’autres mondes, mystiques, où tout peut arriver. Cependant, je me méfie de certains aspects un peu kitsch.

Quelles sont vos sources d’inspiration? Vos influences ? Je suis un drogué d’images, je regarde quantité d’œuvres de périodes historiques différentes, y compris contemporaines. Le travail plus moderne me procure moins d’émotion mais je l’apprécie pour sa créativité pure ou son étrangeté.

MAIDENS, Myths and Legends

MAIDENS, Myths and Legends

Vous aimez aussi beaucoup voyager, n’est-ce pas ? Oui,  j’ai toujours voulu être tout le monde en même temps. Voyager me permet de voir les choses à travers les yeux des autres, très modestement.

Au-delà de la photographie, utilisez-vous d’autres moyens d’expression? J’ai beaucoup peint mais, dernièrement, je m’intéresse surtout à la photographie, c’est ma première passion. Le point de départ de Myhts and Legends est d’ailleurs d’une série de peintures que j’avais appelée Figments.

A LIRE AUSSI : NOTRE PORTRAIT DE SEAN MACLEOD

Propos recueillis par Julien Damien

A visiter : www.seanmacleodart.com

A voir : Sean MacLeod présente 9 de ses photographies lors d’une exposition collective montée par la galerie d’art Chromia : Saveurs d’enfance, 02.12>12.01.16, Genève, Cité du Temps, tous les jours : 9h>18h, entrée libre, www.chromia.fr

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