Home Best of Interview Fabrice Lig

L’enfant des terrils

DJ emblématique de Charleroi, Fabrice Lig est mondialement reconnu pour la qualité des ses lives et de ses productions. Rencontre avec ce quadragénaire humble et discret, dans le paysage post-industriel du Rockerill, une salle de concert hors-norme, sise dans une ancienne fonderie, où il est en résidence.

Charleroi a-t-elle influencé votre musique ?

Inconsciemment, sans aucun doute. On compare mon son à celui de Détroit, ce n’est pas un hasard. Il y a un côté mécanique dans ma musique, lié au visage industriel de Charleroi. Un aspect mélancolique également, qu’on retrouve chez de nombreux artistes carolos, dans le rock surtout, ou chez des DJs comme Spirit Catcher, alors qu’ils font de la house.

Comment êtes-vous devenu DJ ?

Je sortais beaucoup à Gand, au Boccaccio, un laboratoire de la musique électronique en Belgique. Nous sommes en 1988, j’ai 15 ans, et là je prends une vraie claque. On s’est dit : pourquoi ne pas organiser des soirées chez nous ?

Où avez-vous débuté ?

Dans des bars, à Charleroi. Il y avait une rue jonchée de clubs à l’époque dont le New Jimmy’s, très avant-gardiste. Depuis, ils ont fermé…

A quoi ressemble la vie nocturne ici ?

Il y a une dynamique culturelle remarquable pour une ville de cette taille. Le plus intéressant, c’est que chacun supporte les initiatives des autres. Il n’y a pas de compétition, au contraire. On crée des passerelles entre les salles de concerts, les théâtres… Les citoyens se sont appropriés la vie culturelle. Cela crée une effervescence.

Comment réagissez-vous par rapport à la mauvaise image de Charleroi (un journal néerlandais l’a élue « ville la plus laide du monde ») ?

Ceux qui ont écrit ça ne sont jamais venus ! Oui, il y a des usines ici, mais elles constituent une richesse. J’adore les observer la nuit, c’est une esthétique très particulière. Et ses habitants font la beauté de la ville. Ce sont eux, l’âme de la cité. Il n’y a pas de notables dans le coin. Nous sommes des enfants des terrils. Chacun a un grand-père qui a travaillé dans un charbonnage. Les Carolos vivent de façon simple. Ils savent d’où ils viennent. J’invite quiconque à venir seul une soirée au Rockerill, il repartira avec plein d’amis !

 

A visiter / fabricelig.com

Le Rockerill, Marchienne-au-Pont, Rue de la Providence 136, www.rockerill.com

A écouter / Galactic Soul Odyssey, Planet-e (label de Carl Craig)

A voir / 16.07, Festival de Dour (avec Carl Craig et Mad Mike), www.dourfestival.eu (voir page 66)

 

 

Propos recueillis par Julien Collinet
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