Latitudes contemporaines
Résistances éclectiques
« L’urgence est de prendre encore et toujours des risques » entonne l’équipe de Latitudes Contemporaines à l’heure de la 13e édition du festival. En ces temps de grande crispation, 23 pièces se frottent au réel et dressent le panorama des arts vivants : danse, théâtre, arts plastiques et performance… Tour d’horizon d’un événement international, qui place les enjeux sociaux au coeur de sa programmation.
Pour naviguer au gré des Latitudes, « il faut arriver sans a priori, c’est le meilleur conseil que je puisse donner » sourit Maria-Carmela Mini, qui a concocté le savant mélange qui déferle sur les scènes de l’eurométropole. Cette année, il y a tant de raisons de s’indigner que les propositions occupent plusieurs fronts, luttent autant contre l’austérité que les extrémismes. Dans Atlas des Portugais Ana Borralho et João Galante, 100 Valenciennois s’emparent de la scène qui devient une tribune politique, tandis qu’Ivana Müller invite carrément les spectateurs à prendre la place des performers sur scène (We are still watching).
Identités contemporaines
Un seul mot d’ordre : la résistance, contre toute tentative d’anéantissement. Fil rouge de l’édition, les parcours intimes se heurtent à l’Histoire, souvent avec violence. C’est par exemple Eszter Salamon, qui retrace les guerres du xxe siècle avec six interprètes venus des cinq continents. Dans Samedi Détente, Dorothée Munyaneza dévoile son enfance durant le génocide du Rwanda et sa fuite hors du pays. Jonathan Capdevielle brosse lui le portrait drôle et percutant de sa famille pas comme les autres tandis qu’avec Tordre, Rachid Ouramdane cherche à saisir l’invisible, le geste singulier qui révèle notre personnalité au quotidien.
A vif
Si les corps sont farouchement politiques, questionnent la marge, le déplacement ou l’exil, leur insurrection s’exprime aussi dans la joie et la bonne humeur ! Avec Marie-Caroline Hominal, femme-orchestre toute de Silver vêtue, qui promet une soirée complètement wild, le Boléro aux accents techno sous acide de Cristina Rizzo ou le joyeux bazar belge de Miet Warlop, entre autres. En donnant à voir le pire et le meilleur de l’état du monde actuel, le festival Latitudes Contemporaines taille plus que jamais dans le vif du sujet. Et n’a pas fini de faire des vagues.
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Programme :
03.06, Eszter Salamon, Monument 0 : hanté par la guerre (1913-2013), Lille, Maison Folie Wazemmes, 20h,13/7/5€ // 04 & 05.06, Ana Borralho & João Galante, Atlas, Valenciennes, Le Phénix, 20h, entrée libre // 04.06, 21h, Miet Warlop, Dragging the bone, Roubaix, La Condition Publique,13/7/5€// 05.06, 20h, Dorothée Munyaneza, Samedi Détente, Lille, Maison Folie Wazemmes,13/7/5€ // 05.06, 21h30, Cristina Rizzo, BoleroEffect (Rapsodia/the long version), Lille, Gare St Sauveur, entrée libre // 06.06, 21h30, Marie-Caroline Hominal Silver + carte blanche DJ MCH, Lille, Gare St-Sauveur, entrée libre // 07.06, Ivana Müller, We are still watching, Lille, Gare St-Sauveur, 15h & 17h, entrée libre sur réservation // 11, 19h & 12.06, 20h, Jonathan Capdevielle, Saga, Villeneuve d’Ascq, La Rose des vents, 13/7/5€ // 19.06, Rachid Ouramdane, Tordre, Lille, Maison Folie Wazemmes, 20h, 13/7/5€.