Nathalie Lété
Au bout du conte
Qui se cache sous cette cape rouge ? Serait-ce le grand méchant loup que l’on aperçoit dans le bois ? Ce printemps, les personnages qui ont marqué notre enfance s’affranchissent de leurs pages illustrées et nous attendent à La Piscine, à la faveur de la première rétrospective de Nathalie Lété. L’artiste nous a ouvert les portes de son royaume.
Pénétrer dans l’atelier de Nathalie Lété est une expérience singulière. Partout où se pose le regard, cela déborde : de couleurs, de matières, d’objets accumulés. Au rez-de-chaussée, on croise des armoires où s’alignent des coraux peints et une ribambelle de vieux jouets. à l’étage, on trouve de grands tapis figurant un chat, une chouette, un bambin aux boucles blondes. Posées au sol ou accrochées aux murs, les poupées en toile de jute et fleurs à la gouache se disputent l’attention des visiteurs. « J’aime me sentir petite au milieu de toutes ces choses. C’est un peu ma façon de me cacher », glisse notre hôte, tout en confectionnant une amanite avec du grillage et du carton. Le champignon géant a lui rejoint les quelque 2 000 pièces qui composent l’exposition Mes (petites) histoires, à Roubaix.
Créations en liberté
Si, depuis ce loft d’Ivry-sur-Seine, plus de 25 ans de création nous contemplent, le goût de l’artiste pour les travaux manuels est plus ancien. Fille unique élevée à Sceaux auprès d’une mère allemande et d’un père chinois, elle suit chaque soir des cours dans la MJC de son quartier : peinture, dessin, bricolage… tout est bon pour occuper la fillette et nourrir son imaginaire. « En fait, j’ai l’impression de faire la même chose, mais de façon plus professionnelle », sourit Nathalie. Dès 16 ans, elle gagne sa vie en peignant et vendant des foulards de soie, mais se rêve hôtesse de l’air. Un passage chez une astrologue achève de la convaincre de sa destinée artistique : après l’école Duperré viendront les beaux-arts, puis dix années à travailler le papier mâché sous le nom « Mathias et Nathalie », avec son compagnon de l’époque. « Ensuite, j’ai eu envie de retrouver une forme de liberté ». Cela se traduit par des thèmes qui lui tiennent à coeur : la nature ou le folklore bavarois, transmis par sa grand-mère.
Loup y es-tu ?
Pourtant, on aurait tort de réduire l’univers de Nathalie Lété à ses contours enfantins. Sa rétrospective nous entraîne dans une galerie de « clairières » et de « montagnes enneigées », en passant par une « boucherie extra » avec côtes de boeuf en céramique et saucisses en tissu plus vraies que nature. Point d’orgue de l’exposition, l’espace « Qui a tué le loup ? », présentant le redoutable animal sur une table de chirurgie tous (faux) organes dehors, peu après la « chambre du petit chaperon rouge », un conte que la créatrice affectionne particulièrement. « Il y a des versions où la petite fille mange sans s’en rendre compte sa grand-mère. C’est une métaphore du passage de l’enfance à l’âge adulte ». Et un résumé du parcours de Nathalie Lété ? Ça, c’est une autre histoire…
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Bio Express
10 juin 1964 : Naissance à Orsay
1984-1987 : Etudie à l’école d’arts appliqués Duperré.
1988 : Entre aux beaux-arts de Paris en lithographie.
1987-1997 : Travaille avec son compagnon au sein du duo « Mathias et Nathalie ». Ensemble, ils créent des décors expressionnistes et des sculptures en carton peint.
1998 : Publie son premier livre pour enfants illustré, Mes Peluches, aux éditions Mila.
2000 : Signe sa première collection de cartes postales pour la boutique japonaise « Usagi pour toi ». Son travail est aujourd’hui vendu dans une centaine de boutiques, en France, au Japon, en Australie, aux Etats-Unis et en Corée.
2010 : Signe sa première collection de textiles pour Monoprix. Elle collabore trois saisons avec l’enseigne.
2015 : Première rétrospective, à La Piscine.
Site internet : http://www.roubaix-lapiscine.com/