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L'Art de l'épure

Melanie De Biasio © Frank Loriou

Melanie De Biasio ne veut pas choisir entre jazz, blues et pop d’avant-garde. Révélée avec A Stomach Is Burning (2007), la Carolo a longtemps attendu avant de publier l’excellent No Deal (2013). Rencontre avec une songwriter envoûtante, aussi modeste que farouchement indépendante.

A Charleroi, votre famille appréciait- elle la musique ?
Oui. Mes grands-parents paternels en écoutaient beaucoup. Ma grand-mère était une amoureuse des grandes voix classiques, notamment La Callas, ou plus populaires comme Tino Rossi. Et mon grand-père jouait tous les weekends. Je me souviens m’être beaucoup ennuyée en classe, cela ne me semblait pas concret. En revanche, je me sentais à ma place à l’académie de musique, après l’école. Là, j’existais vraiment.

Avec quels artistes avez-vous grandi ?
J’aime la musique classique en général, mais aussi du vieux blues. Sinon, je pourrai citer Nina Simone, Led Zeppelin, Jimi Hendrix ou encore Mark Hollis, que j’ai découvert récemment.

Six ans se sont écoulés depuis la sortie de votre premier album A Stomach Is Burning. Pourquoi ?
Tout a débuté durant la tournée du premier album. Vous savez, lorsqu’on sort de scène, on garde plein de mélodies en tête… En parallèle, j’ai ressenti un besoin d’indépendance. Une petite voix me disait « Produis ce deuxième disque seule, même si tu ne sais pas comment ! ». C’était un vrai challenge pour moi, sans méthode particulière. Disons simplement que le temps a permis de peaufiner les chansons.

Comment cela s’est-il passé en studio ?
Au départ, la démo était très claire, on y sentait l’atmosphère de chaque chanson. Cela m’a permis d’enregistrer en trois jours. Comme un peintre sur une palette, les musiciens et moi-même avons créé en studio les couleurs et les textures de la toile.

Et vous connaissiez très bien ces musiciens…
Oui, ils jouaient tous sur mon premier album. à l’exception du batteur, Dré Pallemaerts, qui a rejoint le groupe pendant la tournée. On a beaucoup travaillé ensemble avant d’enregistrer, ce qui a facilité les choses.

Quelle est votre formule de prédilection sur scène ? Duo, trio, quartet ?
Tout dépend. Notre complicité est telle que nous varions les plaisirs en temps réel. Chaque concert est différent. La formule peut changer à tout moment. Je peux aussi bien me produire avec Pascal Mohy (piano) qu’avec Pascal Paulus (clavier) ou encore Samuel Gerstmans (contrebasse). Et prendre la liberté de passer du duo au trio, voire au quartet.

Vous laissez donc une grande place à l’improvisation ?
Il est plutôt question de construction collective, ou instantanée. Notre setlist se décide quelques instants avant le concert. Et les ingénieurs son et lumière (Bart Vincent et David Rivir) interagissent avec ce qui se passe sur scène. On se répond comme ça, on construit le spectacle dans l’instant.

Pourquoi chantez-vous en anglais ? Pour ne pas vous limiter au public francophone ?
Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Disons que le jazz est traditionnellement anglophone. De plus, étant belge, je suis très perméable aux esthétiques anglo-saxonnes. Et d’un point de vue personnel, l’anglais m’a permis d’aborder les choses avec plus de justesse, avec plus de détachement dans les mots. Mais il n’est pas exclu qu’un jour, je m’exprime en français.

No Deal - pochette

No Deal – pochette

propos recueillis par Lina Tchalabi
Concert(s)
MELANIE DE BIASIO + Washboard & The Jazzy Mates
Lille, L'Aéronef

Site internet : http://www.aeronef-spectacles.com/

09.04.2014 à 20h0019/14/10€
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