L’été au LaM
L’été est la saison idéale pour découvrir ou redécouvrir le LaM, l’un des hauts lieux culturels de la métropole, serti dans son magnifique parc de sculptures. Consciente que le dynamisme et l’attractivité d’un musée se jouent aussi pendant les vacances d’été, l’équipe du LaM a imaginé un programme d’expositions et d’animations ad hoc, entre projections en plein air, flore et bestiaire surréalistes, excursions transfrontalières, éclairs photographiques et herbes folles…
Depuis sa réouverture en 2010, le LaM a vu sa fréquentation doubler. Le succès valide la stratégie de la nouvelle directrice Sophie Lévy, laquelle se résume simplement ainsi : valoriser le parc et les collections. « Le parc réaménagé joue dans la séduction du lieu, explique-t-elle, comme le fait que le musée propose désormais une alliance unique au monde d’art brut, moderne et contemporain pour éclairer la culture du XXe siècle et les problématiques actuelles de l’art ». Au passage, la relation au public est aussi repensée. « En juillet et août, la Métropole lilloise n’est plus un désert. Nous avons donc conçu l’Été au LaM comme une expérience qui mobilise à la fois les espaces intérieurs et le parc pour que le lieu vive au rythme de l’été ».
Plantations d’art
Cet été, en se baladant dans les allées du parc, on apercevra la jeune plasticienne Lise Duclaux au travail, réalisant une œuvre intitulée Zone de fauchage tardif. Un espace qu’elle laboure et dans lequel elle plante avant de le « laisser vivre à son rythme » pendant trois ans. Le soir, en plein air, sont projetés des films faisant échos aux artistes présents dans les collections, comme Le Mystère Picasso (1955) de H -G Clouzot ou Séraphine (2008) de Martin Provost. Dans la fraîcheur des salles, on flâne au gré de trois expositions temporaires qui offrent des rappels à la nature, dont les tirages impressionnants d’Hiroshi Sugimoto, réalisés à partir de décharges électriques directes sur film photo, comme des vues d’orages. « Il explore brillamment la dimension spontanée de la création, commente Sophie Lévy, la façon dont l’art se crée de lui-même, en dehors de la volonté de l’artiste ».
Faune et flore
En mezzanine, des gravures de Max Ernst prolongent cette question, et celle de la nature dans l’art, en révélant la passion du surréaliste pour les formes « trouvées » par frottages au fusain sur différentes surfaces. Faune et flore fantastiques surgissent des matériaux les plus anodins, dans ce portfolio baptisé Histoire Naturelle (1926). Plus loin, le LaM invite le FRAC Picardie à montrer une sélection d’œuvres de ses collections. On découvre la production graphique méconnue d’artistes français des années 70 tels Claude Viallat, Daniel Dezeuze ou Toni Grand. « Ce choix peut paraître austère, concède Sophie Lévy, mais la mission du LaM consiste à montrer aussi des esthétiques a priori difficiles, mais de la façon la plus simple et accueillante possible ». Même ici, l’été se fait sentir, à travers les filets bariolés de Viallat ou les 3 Nefs de Dezeuze, sculptures légères aux faux-airs de tonnelles.
Sugimoto en questions
Ancien architecte et critique d’art, Marc Donnadieu fut directeur, dix ans durant, du Frac Haute-Normandie. Aujourd’hui conservateur en charge de l’art contemporain au LaM, il nous présente Hiroshi Sugimoto en quelques mots.
Qui est Hiroshi Sugimoto ?
Il est considéré comme le plus grand photographe contemporain japonais. Cet architecte de formation partage sa vie entre Tokyo et New York. Son travail rigoureux, principalement en noir et blanc, s’intéresse à l’histoire de la représentation, des sciences et de la photographie. Enfin, le rapport à l’espace, au temps et à la lumière sont primordiales dans son œuvre.
Que pourra-t-on voir au LaM ?
Ses deux avant-dernières séries. Photogenic Drawing est un hommage à Henry Fox Talbot, qui est le premier à avoir mis au point un négatif papier. Sugimoto collectionne les négatifs de ce pionnier de la photographie, et présente ici des clichés qui n’avaient jamais été développés. Il nous montre donc quelque chose que Talbot lui-même n’a jamais vu. La seconde exposition, Lightning Fields, est une série réalisée grâce à une cage de Faraday. L’éclair impressionne directement le papier photo. Ces oeuvres dévoilent des détails que l’œil, ébloui, ne voit jamais. C’est là tout le travail de Sugimoto et l’un des enjeux de la photographie : nous montrer le réel que nous ne voyons pas.
Max Ernst en questions
Originaire de Franche-Comté, Jeanne- Bathilde Lacourt est arrivée au LaM en 2010. Conservatrice en charge de l’Art Moderne, cette jeune passionnée est aussi la commissaire d’exposition de Max Ernst, Histoire Naturelle.
Comment Max Ernst a-t-il imaginé le frottage ?
Un soir, il fut frappé par le motif du parquet d’une auberge, qui lui rappela un souvenir d’enfance (une vision en observant le panneau de bois qui surplombait son lit). Il eut donc l’idée d’appliquer une feuille de papier sur ce parquet pour redécouvrir cette vision.
Quelle fut l’importance de cette invention ?
C’est surtout important dans l’histoire du surréalisme. Max Ernst fréquentait André Breton, Paul Éluard… Des gens fascinés par la notion d’inconscient. Et particulièrement par l’écriture et le dessin automatiques : on laisse la main courir sur le papier sans essayer de la contrôler.
Que raconte ce portfolio ?
La création du monde. L’apparition des planètes, des végétaux, et enfin de la figure humaine. Mais c’est aussi une métaphore de la création artistique. Envisageant la création d’un nouveau monde partir de l’inconscient et de l’environnement.
Site internet : http://www.musee-lam.fr/
Collections permanentes accessibles du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.
Exposition temporaire et collections permanentes : 10 / 7 €
Collections permanentes : 7 / 5 €
Projections en plein air : Portraits d’artistes
Durant près d’une semaine, le parc du LaM se transforme en un ravissant cinéma ! En plein air, vous (re)découvrirez le musée et ses collections grâce à cinq longs-métrages dédiés à des artistes exposés dans les salles voisines (Séraphine de Senlis, Modigliani, Picasso…). Avec une petite exception pour le célèbre peintre américain Jackson Pollock (inventeur du « dripping ») qui n’est pas représenté à Villeneuve d’Ascq mais si bien décrit dans le film d’Ed Harris… Ces séances sont gratuites ! Que demander de plus ? Du beau temps, éventuellement.
17>21.07 : 22h30, entrée libre
17.07 : Modigliani (Mick Davis, 2004)
18.07 : Aloïse (Liliane de Kermadec, 1975)
19.07 : Pollock (Ed Harris, 2000)
20.07 : Séraphine (Martin Provost, 2008)
21.07 : Le Mystère Picasso (H-G Clouzot, 1955)