Les Fenêtres qui parlent
En pleine lucarne
Dans le Nord de la France on parle aussi avec ses fenêtres, et ça fait 20 ans que ça dure ! Le principe ? Des habitants de la métropole lilloise ouvrent leurs portes à des artistes pour exposer leurs œuvres depuis chez eux, et les offrir au regard des passants. De Lille à Tourcoing, en passant Roubaix ou La Madeleine, ce sont ainsi un millier de volontaires, disséminés dans une vingtaine de villes, qui encouragent le dialogue entre l’espace public et privé, l’intime et le collectif. Lever de rideau.
Une pieuvre débordant du cadre pour étaler ses tentacules sur les briques, des oiseaux en trompe-l’œil dans une vitre, de grandes fresques colorées jouant avec les reflets du ciel… A chaque printemps depuis maintenant 20 ans les rues de la métropole lilloise prennent des allures de galerie à ciel ouvert. Initiée par le collectif de citoyens Réso Asso Métro, cette manifestation unique en France ré-enchante le quotidien. Durant trois semaines, les artistes collaborent avec des habitants pour exposer leurs œuvres chez eux, à leurs fenêtres. A l’heure du confinement et de la fermeture des musées, l’initiative est d’autant plus appréciée. « Elle comble un vide, c’est sûr », se réjouit Béatrice Auxent, l’une des organisatrices.
Peintres, graffeurs, sculpteurs… Pour la plupart originaires des Hauts-de-France, émergents ou confirmés (Jef Aérosol a fait ses armes ici), près de 500 créateurs trouvent ici une belle vitrine. Résonnant avec l’histoire ou la géographie du quartier, leurs œuvres originales répondent à des thèmes précis (les lisières cette année, l’Eldorado en 2019) et grignotent à l’occasion les murs voire le trottoir – telles ces mosaïques de fleurs signées Patricia Zygomalas, dans le quartier de Wazemmes à Lille.
Cause toujours !
Les valeurs défendues ici ne sont pas étrangères au Nord de la France : partage, convivialité, ouverture d’esprit. A bien y regarder, cette manifestation perpétue aussi une tradition bien locale. « C’est vrai, il n’est pas rare que les gens exposent eux-mêmes tout un tas d’objets hétéroclites à leurs fenêtres », témoigne Béatrice Auxent – comme en Belgique d’ailleurs. Mais pourquoi ? « Il y a d’abord une explication architecturale : ce sont majoritairement des maisons de ville, avec des fenêtres donnant sur la rue, à hauteur du regard des passants, soutient-elle. Et puis dans la région, on a toujours été très bavards. Autrefois, avant que la circulation automobile ne s’intensifie, on posait sa chaise sur le pas de sa porte pour causer avec le voisin ». Les Fenêtres qui parlent, un ancêtre d’Instagram ? « Il y a un peu de ça, oui. Disons que c’est un réseau social de proximité ! ». A partager sans modération, donc.
Les Fenêtres qui parlent
Métropole lilloise, 20.03 > 25.04, www.resoassometro.org // www.lesfenetresquiparlent.org // www.fqp20ans.com