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Police académique

de Quentin Dupieux

On n’aura jamais assez d’encre pour écrire tout le bien que l’on pense de Steak (2007), premier film réellement distribué en salles de Quentin Dupieux. Trois bobines plus tard, que reste-t-il de ce dynamiteur de génie ? Pas grand-chose, sinon un mec malin qui met trop en scène son originalité supposée pour qu’on y croie vraiment. Wrong Cops ? Wrong way.

Le ver était dans le fruit dès le plutôt réussi Rubber (2010), qui donnait vie à un pneu. Cette oeuvre en roue libre donnait aux scribouillards de quoi disserter, mais ne se suffisait pas à elle-même. Wrong (2012) confirma ce pressentiment – même si on n’est pas tous d’accord là-dessus.  Originellement conçu en six épisodes distincts, et remaniés pour en tirer un long, ce cinquième film du Parisien installé à L.A. n’obéit qu’à une règle, celle du “pourquoi pas ?”.
Un flic ripou vendrait de l’herbe planquée dans des rats morts. Pourquoi pas ? Un de ses collègues serait modèle pour des revues porno-gays. Pourquoi pas ? Un agent borgne tenterait, en vain, une carrière dans la techno. Pourquoi pas ? Un voisin, abattu par le premier flic, agoniserait durant tout le film. Pourquoi pas ? Et ainsi de suite… Cela suffit-il à faire un film ? “Pourquoi pas ?” a dû songer Dupieux. Moins contemplatif que d’habitude, plus saccadé, Wrong Cops aligne gags éculés (une femme dévoilant ses seins et révélant un poitrail masculin, déjà vu chez Zucker, Abrahams et Zucker) et ne raconte rien, finalement. Malgré tout, on attend toujours Réalité, annoncé depuis trois ans avec Alain Chabat, Elodie Bouchez et Jonathan Lambert au casting. Pourquoi pas ?

 

Cela dit, la BO, elle, reste nickel.

Thibaut Allemand

Avec Mark Burnham, Marilyn Manson, Eric Judor, Steve Little… Sortie le 19.03


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