Marco, l’énigme d’une vie
Itinéraire d'un imposteur
Présenté au dernier Arras Film Festival, Marco, l’énigme d’une vie, fait froid dans le dos. Inspiré d’une histoire vraie, le nouveau long-métrage d’Aitor Arregi et Jon Garaño (l’excellent Une Vie secrète, en 2019) raconte le mensonge d’un Espagnol se faisant passer pour une victime de la Shoah…
En 2005, les cinéastes Aitor Arregi et Jon Garaño découvrent le parcours d’Enric Marco, ex-président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. Se présentant comme un déporté du camp de concentration nazi de Flossenbürg, en Bavière, l’homme, confondu par un historien, a construit toute sa vie sur un mensonge abject. Porté par l’interprétation d’Eduard Fernández (Goya du meilleur acteur en Espagne), Marco, l’énigme d’une vie, nous fait rapidement douter du récit héroïque que livre Enric Marco sur son existence, tant les preuves s’accumulent contre lui. Ainsi, le suspense naît de la manière dont l’imposteur (que le spectateur prend tour à tour en pitié ou en détestation) s’enferre dans son mensonge et affronte l’opinion publique. Le scénario, remarquablement construit et documenté, aborde la tragédie oubliée des 9 000 déportés espagnols (les deux tiers ne revinrent pas des camps), interdits de remettre les pieds dans leur pays car considérés comme les ennemis du régime franquiste. Enfin, le film traite aussi d’un thème complexe et ô combien actuel : les fake news ! Refusant schématisme et manichéisme, les auteurs posent alors une question vertigineuse : le mensonge peut-il servir la vérité ?
D’Aitor Arregi et Jon Garaño, avec E. Fernández, N. Poza, C. Martín… Sortie le 14.05






