Paranoid London
Esprit pionnier
À la fois discret et bruyant, ce tandem demeura invisible ou presque dans les bacs. Ayatollah du vinyle, Paranoid London a en effet longtemps refusé le CD ou les plateformes. S’ils ont mis de l’eau dans leur vin, Gerardo Delgado et Quinn Whalley n’en demeurent pas moins de farouches boucaniers d’une certaine idée de la techno : sale, tapageuse, vrombissante. Paru en février, leur dernier LP se nomme simplement Trous du cul, menteurs et pionniers électroniques. Une façon comme une autre de faire le ménage autour de soi et de clamer urbi et orbi son intégrité. Posture facile, voire fatigante chez d’autres (oui, Sleaford Mods, on parle de vous) elle prend tout son sens ici. Pourquoi ? Grâce aux styles abordés, qui tiennent à la fois de l’unité et de la variété, entre electro primaire, acid-house guerrière, EBM sécuritaire, techno tortionnaire. Grâce aux invités, aussi. Outre Mutado Pintado (régulier de l’affaire), on croise Joe Love (Fat Dog), Jennifer Touch ou… Bobby Gillespie. Le légendaire Écossais incarne à lui seul un idéal de panache déglingué et d’élégance dévastée qui fait tout le sel de son groupe (Primal Scream), et trouve en nos deux Paranos de parfaits compagnons de voyage.