Tourcoing Jazz Festival
L'essence du rythme
Des éclats pop de Michael Kiwanuka aux explorations de Tyler, the Creator (entre autres !) le jazz est partout dans la musique d’aujourd’hui. Les jazzmen et jazzwomen restent pourtant plus confidentiels. À Tourcoing, ce festival offre justement de découvrir des artistes rares, jonglant avec les esthétiques et conjuguant le passé au futur.
Si l’improvisation demeure une composante essentielle du jazz, elle n’a pas sa place dans cette programmation. Ici, l’affiche est soigneusement élaborée, dans un savant équilibre entre maestros de la note bleue (José James) et pas de côté maîtrisés (le blues-rock abrasif de Delgres). « L’ADN du festival, c’est la diversité », confirme Yann Subts, le directeur, soucieux « de désacraliser cette musique, parfois jugée élitiste mais par essence populaire », et surtout de la présenter « sous toutes ses formes ». Elle n’en manque pas, tant « ce genre s’est toujours nourri de son époque tout en l’influençant à son tour ». Le trompettiste anglais Matthew Halsall offre un bon aperçu de ce dialogue, croisant références pointues et electro, les élans spirituels d’un Pharoah Sanders et les plages downtempo de Bonobo.
Musique bio
Dans un tout autre style, mais avec cette même volonté de marier tradition et modernité, Sona Jobarteh en impose aussi. Héritière d’une lignée de griots, l’Anglo-Gambienne reste l’une des rares femmes à jouer de la kora, avec une grâce sans équivalent. Tandis que Seun Kuti ne cesse de réinventer l’afrobeat, étrennant au Grand Mix un album produit par Lenny Kravitz (!), Faada Freddy clôt le festival entre gospel, R’n’B et… sans aucun instrument. Son dernier projet, Golden Cages, est en effet interprété uniquement avec la voix et les percussions corporelles – lors d’ un concert 100 % naturel !
La preuve par trois (par Yann Subts)
Arthur Teboul et Baptiste Trotignon
« La rencontre entre un grand interprète et l’un des meilleurs pianistes européens ! Ils célèbrent la chanson française en s’emparant d’un vaste répertoire : de Gainsbourg à Brassens, en passant par Barbara ou Brigitte Fontaine, avec une bonne dose d’improvisation. C’est justement ce qu’on attend d’un festival de jazz : l’imprévu ! »
Lizz Wright
« C’est la première fois qu’on la reçoit, et on est ravis ! Lizz Wright, c’est tout simplement une immense chanteuse américaine, l’une des plus belles voix du jazz contemporain. Elle avait un peu délaissé les scènes européennes ces dix dernières années, et revient avec un nouvel album magnifique, Shadow. Il ne faut pas la rater ! »
Antonio Lizana
« Ce fabuleux saxophoniste espagnol propose un jazz flamenco d’une énergie incroyable, conciliant des esthétiques a priori éloignées. Il distille une musique très ouverte, portée par des rythmes andalous qui donnent envie de faire la fête. Une danseuse de flamenco l’accompagne d’ailleurs sur scène. Je suis impatient d’y assister ! »
Sélection / 12.10 : Matthew Halsall, Avishai Cohen, José James… // 13.10 : André Manoukian 4tet & Dafné Kritharas… // 14.10 : Nana Rashid, Arthur Teboul & Baptiste Trotignon… // 15.10 : Ayo, Delgres, Lizz Wright… // 16.10 : Gregory Privat, Sona Jobarteh, Lehmanns Brothers… // 17.10 : Ghost-Note, Jam Session… // 18.10 : Seun Kuti & Egypt 80, Antonio Lizana 5tet // 19.10 : Nesrine, Faada Freddy, Papatef…