Sāmara
Esprit de corps
Lila Magnin / Les magnifiquesDans une société toujours plus fissurée, où le repli sur soi devient le maître-mot, que peut la danse ? Essayer de rassembler, de trouver un langage commun, tout en préservant nos différences. Dans sa nouvelle pièce, Lila Magnin puise dans l’énergie de la colère et du besoin d’exulter les motifs d’une possible harmonie.
L’époque est à l’hybridation : technique, culturelle, des genres. C’est justement ce qui fait la saveur des créations de Lila Magnin. Vidéaste, musicienne, danseuse et chorégraphe, cette artiste protéiforme s’est toujours située “entre deux”. Après le solo Azad (prénom signifiant “libre”), la Bruxelloise signe une pièce pour cinq interprètes, explorant toujours plus les “dualités complémentaires”. Créé durant la pandémie de Covid, période synonyme d’isolement comme de besoin de rassemblement, le spectacle a été baptisé Sāmara, et ça n’a rien d’un hasard. Ce terme sanskrit signifie à la fois “lieu de guerre” et “marche avec les dieux” (c’est aussi le prénom donné à la fille d’une amie). Ainsi, cette chorégraphie traduit aussi bien la colère et le désir de célébration, face à un monde confus et fracturé. Comment faire corps malgré les différences, les déchirements ? Quelle société allons-nous transmettre aux générations futures ? Sur scène, cinq hommes et femmes d’origines, de corpulences et de parcours distincts tentent d’accorder leurs gestes aux émotions. En somme, de former une unité tout en préservant la diversité propre à notre espèce.