All We Imagine as Light
Tendre est la nuit
Grand prix du festival de Cannes, All We Imagine as Light confirme, après Toute une nuit sans savoir, la délicatesse du regard que Payal Kapadia porte sur la vie des femmes indiennes. Loin de Bollywood, la jeune cinéaste trace une voie dans laquelle le réalisme n’exclut pas le merveilleux.
Parce qu’elles sont tournées sur fond vert ou dans des décors aseptisés, bien des productions contemporaines se retrouvent tristement dépeuplées. Qu’un film soudain réussisse à donner le sentiment de la ville (avec sa foule, ses bruits, ses lumières) et voilà que le cinéma retrouve sa magie primitive. All We Imagine as Light séduit d’emblée par sa capacité à mêler sa fiction aux flux d’une ville-monde, Mumbai. Cette puissance documentaire se retrouve aussi dans la manière de dépeindre les personnages, ancrés avec précision dans un contexte social et économique. Parvaty loge illégalement dans un bâtiment sur le point d’être détruit. Prabha vit dans l’attente de son mari parti travailler en Allemagne. Et Anu, plus jeune, connaît loin des pressions familiales son premier amour. Toutes les trois travaillent dans le même hôpital, statut qui garantit leur indépendance et les place au contact de la fragilité des corps. Prendre soin, comprendre ce qui nous attache et nous entrave, c’est tout l’enjeu. Les frottements entre générations s’avèreront à cet égard libérateurs. Dans un second mouvement, le film se déplace vers le bord de mer, ouvrant de nouvelles zones d’intimité. Grâce d’une étreinte, d’un adieu. All We Imagine as Light possède la beauté des aubes longtemps attendues.
De Payal Kapadia, avec Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam… Sortie le 02.10