Olivia Dean
Soul à facettes
Le premier album d’Olivia Dean évoque pas mal de ses consœurs, maîtresses et pairs britanniques qui, depuis le début du siècle, ont rejoué les grandes heures de la soul américaine avec plus ou moins de bonheur. On songe à Adele, Amy Winehouse, voire à Duffy. Ce souci du vintage et du détail chic pousse le vice amusé jusqu’à glisser des craquements de vinyle sur un disque que l’immense majorité du public écoutera… en streaming. Et c’est étrange, car cette Miss Olivia cache une Dr Dean autrement plus savante folle. Ainsi, sans doute encouragée par tout ce que l’Angleterre compte de têtes chercheuses et de labels défricheurs, la native du nord de Londres parsème son premier album, sobrement et joliment baptisé Messy (“bordélique”, donc), de trouvailles sonores et soniques. Celles-ci modernisent sa soul sans lui enlever son charme – un vocoder ici, une rythmique étrange là-bas. Pas de quoi rivaliser avec le futurisme d’une Janelle Monáe, mais on s’interroge : sur scène, laquelle de ses deux personnalités l’emportera ? Donnera-t-elle un concert façon diva ou un set qui fait tourner la tête ? Arrivera-t-elle à marier les deux aspects de sa musique bicéphale ? Suspense.