Thundercat
Toutes griffes dehors
En une dizaine d’années, Thundercat et ses fringues introuvables ont navigué entre à peu près tous les genres et réconcilié mille chapelles : soul, jazz, funk, R’n’B, rock… Chacun peut trouver son compte dans ses albums kaléidoscopiques. Et prendre une claque sur scène, où le ramage se rapporte au plumage.
Ah, ces tenues ! Thundercat en ferait-il trop ? Même pas. Cette toilette exubérante, chatoyante et multicolore inscrit notre homme dans une lignée où s’illustrèrent jadis Prince, Bootsy Collins ou George Clinton. Oui, nous sommes dans ces (hautes) sphères. Le dénommé Stephen Bruner relève de ces petits génies tellement doués qu’ils peuvent se permettre de toucher à tout avec une parfaite désinvolture. Inspiré par la virtuosité du bassiste Jaco Pastorius, le natif de Compton fit ses classes chez les peu finauds Suicidal Tendencies, puis s’illustra avec à peu près tout le rayon hip-hop / indie de votre regretté disquaire : Erykah Badu, Kendrick Lamar, Childish Gambino, N.E.R.D., Kamasi Washington, Tame Impala… C’est tout ? Non, mais on va s’arrêter là si vous le voulez bien. Armé d’une basse six-cordes et d’une voix légère, l’Américain marie le jazz à la soul, au R’n’B, à l’electro, renouant en cela avec les modernistes de la note bleue des seventies et des eighties (Miles Davis, Herbie Hancock). On l’a récemment aperçu en cyborg chirurgien dans une série du catalogue Star Wars (Le Livre de Boba Fett). On ne pouvait l’imaginer ailleurs : les pieds (vaguement) sur Terre, la tête dans les étoiles.