Home Best of Chroniques Victorien Daoût

Au travail avec Éric Rohmer

Capricci

Voilà un livre qui, après le formidable Contes des mille et un Rohmer de Françoise Etchegaray (Exils, 2020), permet de confronter des faits précis à l’image souvent trop vague que l’on a du cinéma de Rohmer. En s’entretenant avec des dizaines de collaborateurs, Victorien Daoût fait le tour des différents postes, du son à la production, du jeu au montage. Une méthode se dessine, qui aura permis au réalisateur de Pauline à la plage (1983) et de Triple agent (2004) de conserver une indépendance totale. C’est bien sûr dans ses détails que le livre frappe. Ainsi, la volonté d’authenticité pousse à enregistrer les sons de la “mouche de juin” ou du “chien lointain”, certainement indistincts pour le spectateur. Le compositeur Jean-Louis Valero livre à cet égard une parole aussi lucide qu’hilarante, résumée en une formule vertigineuse : « je suis un musicien lambda qui a travaillé avec un type génial qui s’appelait Rohmer et qui n’avait pas besoin de musique ». Ici et là perce aussi, pour les actrices très jeunes au moment des tournages, le revers de la médaille. Celui d’avoir été assignées à une œuvre qui se nourrissait de rencontres souvent laissées sans suite.

Raphaël Nieuwjaer

302p., 23€

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