Guerrières !
Des femmes puissantes
En abordant des thématiques aussi cruciales que la culture du viol ou la liberté de disposer de son corps, la quatrième édition de Guerrières ! s’annonce comme un temps fort de la saison de Mars (Mons arts de la scène). D’ailleurs, ce festival féministe prend de l’ampleur, avec une quinzaine de lectures, des performances et des concerts. Indispensable !
Les habitués de Mars s’en souviennent encore. Programmé l’an passé au Manège, Rage, d’Émilienne Flagothier, s’était mué en expérience cathartique pour des dizaines de femmes, qui évacuaient avec l’interprète toutes les agressions subies au quotidien dans un final façon Kill Bill. « Chaque année il y a une proposition un peu choc, et libératrice », observe Bérengère Deroux. Mais la programmatrice et instigatrice de Guerrières ! tient à éclaircir son intention avec ce festival à la programmation 100% féminine : « Je ne cherche pas spécifiquement des oeuvres féministes. La sélection est une vitrine de ce qui préoccupe les femmes aujourd’hui. »
Intimité publique
Aux pièces de groupes des éditions précédentes succèdent un grand nombre de seules-en-scène, avec des artistes qui portent au plateau leur propre histoire. Associée à la soirée d’ouverture, Amandine Naval, comédienne et ancienne strip-teaseuse, dresse la playlist de sa vie dans la création album, pour mieux s’affranchir des mécanismes de la séduction. À travers son premier projet, Jessica Fanhan revisite ses racines et propose, avec Belle dame, un conte initiatique d’où surgissent des rituels vaudous. Et puisque l’incontournable Zaho de Sagazan affiche complet, on compense avantageusement avec les percussions et polyphonies de La Mòssa, soit quatre guerrières prêtes à secouer les stéréotypes !
La preuve par trois
I’m Deranged
(Mina Kavani)
Remarquée cet été au festival d’Avignon, cette actrice iranienne a fui la dictature puis s’est retrouvée interdite de séjour dans son pays, après être apparue sans voile et dénudée dans un film tourné en France. Dans son monologue musical, Mina Kavani raconte la douleur de l’exil et de cette vie en suspens.
>> Mons, 19.03, Maison Folie, 21h, 12/10€
Icirori
(Consolate)
En langue kirundi, Icirori signifie « regarder son histoire en face ». Consolate, elle, n’a découvert la sienne qu’à 18 ans… Après le massacre de ses parents au Burundi alors qu’elle n’était qu’une fillette, elle a été adoptée illégalement en Belgique. Ouvrant une réflexion sur ce sujet douloureux, la comédienne s’installe près du public, et demande réparation…
>> Mons, 25.03, Théâtre le Manège, 19h, 12/10€
Classement sans suite
(Théâtre CreaNova)
Sans doute plus classique dans sa forme que le reste de la programmation, cette pièce n’en reste pas moins importante. Des confidences à l’entourage, des dépôts de plainte au commissariat, Classement sans suite montre le parcours du combattant des victimes de violences sexuelles. Un spectacle saisissant, lauréat du label Impact (un prix “d’utilité publique”) en Belgique.
>> Mons, 21 .03, Maison Folie, 13h30 & 20h, 12/10€
Sélection / 17 & 18.03 : Chloé Larrère – Allô Ménie, Amandine Laval – album… // 19.03 : Mina Kavani – I’m Deranged, La Mòssa // 20.03 : Zaho de Sagazan // 21.03 : Théâtre CreaNova – Classement sans suite // 23.03 : Lila Magnin – AZAD… // 25.03 : Consolate – Icirori // 25 & 26.03 : Jessica Fanhan – Belle dame // 27.03 : Pascale Seys et Valérie Bauchau – Virginia Woolf, écrire dans la guerre // 27 & 28.03 : Maïa Blondeau & Greta Fjellman – Wireless People // 28.03 : Ni les femmes, ni la terre ne sont des territoires de conquête