Cabaret de curiosités
Surface de réparation
Le spectacle vivant peut-il réparer ce qui a été brisé ? C’est la vaste question posée par cette 11e édition du Cabaret de curiosités. Après avoir focalisé sur “les temps modestes” et les faillites du progrès, le festival initié par le Phénix de Valenciennes propose donc de rafistoler une planète qui déraille. Vaste chantier.
Qu’on se le dise : en mars, dans le Valenciennois, on refait le monde ! « Durant une semaine, nous créons une mini-communauté utopique », s’enthousiasme Romaric Daurier, le directeur du Phénix, qui peut s’appuyer sur des créations inédites (et largement régionales) pour ouvrir de nouveaux horizons artistiques et culturels. C’est par exemple Carine Goron qui, à travers Noue, met en scène des histoires d’amitiés féminines recueillies dans les Hauts-de-France, célébrant la sororité et « une parole invisibilisée sur les plateaux ».
Folie douce
Tandis que Nicolas Girard-Michelotti tente de déconstruire les fantasmes sur le grand amour, inculqués par le cinéma et les jouets Mattel (Barbie sur le récif), Philémon Vanorlé nous parle… de la mort. Plus précisément, il nous invite dans un drôle de cercueil. Pour cause, l’objet a été conçu pour recevoir un défunt aux jambes écartées, évoquant le manspreading, cette habitude prise par les “mâles dominants” dans les transports en commun. Au fil d’une conférence déjantée, il nous raconte les aventures suscitées par son oeuvre. Enfin, histoire de resserrer les rangs, on rallie le Beste Cantate de Juliette Chevalier. Hommage jubilatoire au carnaval de Dunkerque, cette chorégraphie tout en perruques et paillettes renoue avec l’essence même de la fête. « Et il sera difficile de ne pas les rejoindre pour danser », prévient Romaric Daurier. Le monde peut bien attendre un peu…
La preuve par trois
Fisica dell’aspra comunione
(Claudia Castellucci / Cie Mòra)
Attention, événement : voici 15 ans que Claudia Castellucci n’était pas venue en France. Pour cette création, la soeur de Romeo s’est appuyée sur le Catalogue d’oiseaux du compositeur Olivier Messiaen, soit une partition pour piano inspirée par des chants de volatiles. En résulte une chorégraphie pour dix interprètes, traduisant toute la grâce de la nature.
>> Aulnoye-Aymeries, 15.03, Théâtre Léo Ferré 20h, 10/6€
Danse “Delhi”
(Gaëlle Hermant / Ivan Viripaev)
Dans la salle d’attente d’un hôpital, six personnes font successivement face à la perte d’un proche. Écrite en sept parties, comme autant de variations autour d’un même drame, la pièce ausculte notre rapport au deuil. Orchestrées par une musicienne (le septième personnage), ces scènes oscillent entre les larmes et les rires, nouant des ponts invisibles entre la vie et la mort.
>> Valenciennes, 13.03, Le Phénix, 20h, 10/6€
La Trouée
(Cécile Morelle / Cie Le Compost)
À l’heure où le monde agricole s’embrase, ce road-trip rural tombe à pic. Dans ce one-woman-show, Cécile Morelle évoque ses origines paysannes et ce « désert culturel » où elle a poussé. Tour-à-tour tragique et comique, juchée sur un mont de terre ou fourche à la main, elle interroge la place des femmes dans les campagnes, la sienne, et finalement la nôtre.
>> Douchy-les-Mines, 14.03, L’Imaginaire 14h30 & 20h, 9/6€
Sélection / 13.03 : Philémon Vanorlé – L’échappée, Gaëlle Hermant & Ivan Viripaev – Danse “Delhi” // 13 > 15.03 : Carine Goron – Noue, Igor Person & Esteban Fernandez – Dédale // 14.03 : Cécile Morelle – La Trouée, Aurore Magnier – Je suis une sirène, Lucien Fradin – Portraits détaillés... // 14 & 15.03 : Nicolas Girard-Michelotti – Barbie sur le récif… // 15.03 : Claudia Castellucci – Fisica dell’aspra comunione, Juliette Chevalier – Beste Cantate…