Alex G
L’intranquille
Doucement mais sûrement, Alexander Giannascoli, aka Alex G, continue de creuser un sillon à part dans la pop mondiale. En témoigne son neuvième album, God Save the Animals, élégant précipité de folk, de punk-rock ou d’electro, servi avec cette touche lo-fi inimitable. Avant un deuxième passage au festival Coachella, le natif de Philadelphie jette l’ancre sur le vieux continent pour une tournée entre l’Irlande, l’Allemagne et… le Grand Mix de Tourcoing. Rencontre.
Quand avez-vous commencé la musique ? Très jeune. Mon grand frère était assez doué, donc mes parents lui ont acheté une guitare. J’ai également une soeur passionnée par la musique. J’ai ainsi grandi entouré d’instruments, en passant mon temps à écouter des CD. Ça aide, forcément !
Comment définiriez-vous votre style ? On perçoit beaucoup d’influences différentes dans votre dernier album, entre folk, country, electro ou rock… Honnêtement, je ne saurais pas le qualifier précisément. Disons que ça sonne comme du rock alternatif. Il y a aussi une touche de reggae, que j’aime de plus en plus. Parmi mes inspirations, je citerais aussi Keith Richards et la chanteuse de country Gillian Welch. Ces deux artistes ont fortement influencé ma musique.
Êtes-vous un autodidacte ? J’ai suivi des cours de piano pendant quelques années quand j’étais plus jeune mais, pour le reste oui, je me suis formé tout seul, à la guitare comme pour l’enregistrement.
Vous considérez-vous autant comme un producteur que comme un auteur-compositeur ? Je pense en effet que la production fait entièrement partie de mon processus de création. Je n’écris pas une chanson d’une traite. Je pose d’abord les bases, quelques airs à la guitare puis arrange l’ensemble grâce à un logiciel d’enregistrement. C’est à ce moment-là que je précise la structure du morceau.
Pourquoi votre dernier album s’intitule-t-il God Save the Animals ? Ne cherchez pas de message profond, j’aimais juste comment ça sonnait ! Cela renvoyait à un morceau qui devait figurer sur l’album, mais que je n’ai jamais fini… Les gens l’interprètent de plein de manières et, honnêtement, c’était un peu mon objectif.
Comment avez-vous composé et enregistré cet album ? Pour la première fois j’ai travaillé en studio dans la région de Philadelphie et non pas dans ma chambre. La qualité finale s’en ressent. D’ailleurs je l’ai composé en grande partie lors des sessions d’enregistrement.
On remarque aussi une évolution de votre voix… Je travaille cet aspect depuis longtemps, notamment avec le logiciel GarageBand. Du coup, ça sonne “humain” sans vraiment l’être, une ambiance que j’adore. J’ai transformé ma voix car j’aime l’idée que ce ne soit plus simplement moi qui chante.
Vous réservez toujours une place à l’expérimentation ? Tout démarre à la guitare, mais je change beaucoup d’instruments pour expérimenter, en effet. J’essaie plein de choses, je ne calcule pas.
Vous ponctuez votre album avec la chanson Forgive en chantant : “Forgive Yesterday, I chose Today”. Êtes- vous plus optimiste aujourd’hui ? Je ne suis pas spécialement optimiste, mais j’ai une meilleure perception de moi-même. J’accepte mieux mes émotions. C’est cette évolution que j’ai voulu décrire ici.
Quel est votre rapport à la scène ? Je suis plutôt à l’aise car je connais bien mon groupe, ça fait un moment que nous jouons ensemble. C’est important car partir en tournée vous rend vulnérable… En concert, je cherche à faire danser et chanter les gens, mais je préfère le studio et sa partie créative.
Vous êtes notamment encensé par Frank Ocean. Est-ce important pour vous ? Oui, ça me touche beaucoup, je mentirais en prétendant l’inverse. Mais j’essaie de ne pas trop y prêter attention. Je ne veux pas créer en fonction de ce que les gens pensent de moi.
Quel regard portez-vous sur votre carrière ? Je comprends mieux l’aspect business du métier. Pour ce qui est de la créativité, je maintiens le même processus depuis que je suis enfant : je laisse carte blanche à mon subconscient.