Lous and the Yakuza
À coeur ouvert
Dessinatrice, mannequin, traductrice… et avant tout musicienne. À 26 ans, Lous and the Yakuza est une artiste complète, et n’a déjà plus grand-chose à prouver. Après le succès de Gore en 2020, et des premières parties pour (excusez du peu) Gorillaz, Coldplay ou Alicia Keys, Marie-Pierra Kakoma (pour l’état civil) revient sur le devant de la scène avec Iota. Un deuxième album lumineux, à la croisée de la pop, du rap et du r’n’b dans lequel la chanteuse belgo-congolaise, chapeautée par le label de Jay-Z (Roc Nation), mise sur la spiritualité et l’amour. Rencontre sans fard à la veille d’une série de concerts entre Lille, Bruxelles et Anvers.
Pouvons-nous revenir sur votre parcours ? Je suis née au Congo en 1996. J’y ai vécu jusqu’à quatre ans et demi avant de fuir la guerre. Ensuite, j’ai habité en Belgique durant cinq ans, puis au Rwanda. À 15 ans, je suis revenue en Belgique dans un internat catholique avant de m’inscrire en fac de philo. Mais j’ai décidé d’arrêter les études pour me consacrer à la musique. Ce choix m’a d’abord menée à ma perte… puis au succès !
Quelles sont vos influences ? Quand j’étais petite, on écoutait beaucoup de musique classique avec mon père. Du côté de ma mère, c’était plutôt soul et musiques noires avec James Brown, Ray Charles, Aretha Franklin, mais aussi du rock avec les Beatles ou les Stones. Mon frère écoutait lui énormément de hip-pop. Enfin, mon attrait pour le r’n’b et la pop vient de mon adolescence. Au final, je ne m’interdis aucun genre et ce que j’écoute est à l’image de mon album, très éclectique.
Vous êtes aussi une grande fan de culture japonaise et de manga, n’est-ce pas ? C’est dans la littérature japonaise que j’ai trouvé mon refuge émotionnel. La manière dont sont exprimés les sentiments d’un personnage comme Naruto, par exemple, me touche beaucoup. C’est une expérience assez commune pour les fans de manga. On ressent tous cet émerveillement.
Comment définiriez-vous votre propre démarche artistique ? Je fais de la musique avec le coeur, et surtout l’envie de raconter des histoires. J’accorde beaucoup d’importance à l’écriture, centrale dans mon processus. Les mots ne sont jamais un détail pour moi.
Vous revenez sur scène à la faveur d’un nouvel album nommé Iota. Pourquoi ce titre ? J’ai utilisé ce mot comme une métaphore. Pour désigner ce petit rien qui persiste en nous après chaque histoire traversant notre existence, en l’occurrence les histoires d’amour. Ce sujet m’est très cher et je ne l’avais pas exploré dans mon premier album.
Justement, comment avez-vous abordé la création de ce deuxième disque ? Comme toujours, je me suis laissée guider par mes émotions. Lors de l’écriture de Gore, j’étais en colère, comme si l’élément qui le caractérisait était le feu. Pour Iota, ce serait plus l’eau, qui peut être tout aussi brutale. Mon troisième album sera davantage influencé par la littérature, car je passe ma vie à lire !
Pourquoi le thème de la solitude revient-il aussi souvent dans vos chansons ? Paradoxalement, plus on est connu, plus on se sent seul. Ça devient compliqué de rencontrer des gens sur la même longueur d’ondes. Mais j’ai trouvé la solution : je vis dans ma petite île, une maison dans laquelle il y a tous mes amis !
À quoi ressemble un concert de Lous and the Yakuza ? Je passe les meilleurs moments de ma vie sur scène. C’est un endroit où je peux tout me permettre. Je me défoule, je partage, je regarde tout le monde dans les yeux comme une folle ! Le public a peut-être l’impression de découvrir une personne avec des troubles de la personnalité ! Mais qu’importe, je souhaite que les gens ressentent quelque chose.
Quels sont vos projets ? J’aimerais monter une nouvelle exposition. Et me concentrer sur le dessin, une activité que j’adore. Je souhaiterais aussi m’octroyer une petite pause après ma tournée, même si je vais débuter l’enregistrement de mon prochain album…