Aitch
Le kid de Manchester
Voici une poignée d’années, Aitch faisait parler de lui à la faveur de quelques free-styles et singles bien sentis. Mais les vues ne font pas vivre, et Harrison James Armstrong se levait chaque matin à quatre heures pour pointer chez son grand-père, petit artisan. Aujourd’hui, le Mancunien sort du lit à l’heure qui lui chante, et sa ganache s’affiche en quatre par trois pour promouvoir le déo Lynx – l’équivalent british de notre fameux Axe. Peu de chance que le jeune homme incarne l’avenir du rap anglais mais, à vrai dire, on s’en fiche. À 23 ans, ce kid représente parfaitement le zeitgeist actuel. C’est-à-dire un “ici et maintenant” coincé entre un avenir incertain et un passé glorieux avec lequel il joue volontiers, se faisant tirer le portrait dans les locaux de feu Factory Records, samplant Fools Gold des Stone Roses et conviant le Happy Mondays Shaun Ryder à marmonner une intro sur 1989. Aux dernières nouvelles, il supplie Liam G. de bosser avec lui. Alors, Aitch, simple médiateur culturel de l’ancien fleuron de l’industrie textile ? Pas seulement. Naviguant entre hip-hop classique, trap, R&B et pop, l’Anglais se cherche encore. Pas de souci : en rap comme ailleurs, certaines des plus belles discographies sont le fruit de longs cheminements.