10 000 gestes
Liberté de mouvements
C’est une « forêt chorégraphique », pour reprendre les termes de Boris Charmatz. Dans cette pièce créée en 2017, le nouveau directeur du prestigieux Tanztheater Wuppertal Pina Bausch met en scène 25 interprètes effectuant 10 000 gestes, empruntés à la vie quotidienne, professionnelle et à bien d’autres répertoires non-académiques. Des mouvements souvent improvisés, non synchronisés, tous uniques et voués à ne jamais se répéter – bref, disparus aussitôt qu’exécutés ! Autant dire un vrai défi scénique et artistique, « comme une ode à l’impermanence de la danse », souligne le Savoyard. Ce bouillonnement de corps est porté par le Requiem de Mozart, figurant une humanité ici bondissante, là se roulant par terre, embarquée dans un solo d’air guitar, s’embrassant, balançant des coups ou nous adressant à l’occasion un doigt d’honneur… Ce chef de file de la “non-danse” signe là une performance monumentale, célébrant l’éphémère mais inoubliable. L’essence du spectacle vivant, en somme.