Home Best of Interview Vincent Dedienne

Je collectif

© Guillaume Malheiro

Son premier one-man-show (S’il se passe quelque chose), lui a valu un Molière de l’humour en 2017 et a été joué près de 400 fois ! Vincent Dedienne est de retour sur scène pour présenter son nouveau spectacle, Un Soir de gala. L’ancien chroniqueur de Quotidien y incarne une galerie de personnages borderline pour mieux tendre un miroir à notre époque malade. À rebours de la mode du standup, le Mâconnais s’inscrit dans une noble tradition autrefois défendue par Muriel Robin, Pierre Palmade ou Sylvie Joly. Soit un humour regardant davantage vers le théâtre et à l’écriture soignée. On le retrouve à la veille d’une tournée belge et nordiste, où il sera question de chat, du destin et… du père Fouras.

Vous avez suivi une formation théâtrale classique, passant notamment par la Comédie de Saint-Etienne, mais c’est surtout Muriel Robin qui vous a donné envie de faire ce métier, n’est-ce-pas ? Oui, je devais avoir sept ans quand ma tante Claudette a offert une cassette VHS à ma grand-mère, Tout Robin. Mais bon, comme elle s’en foutait je l’ai récupérée, et ça été le déclic, une épiphanie.

D’ailleurs, il paraît que Muriel Robin est la marraine de votre chat aujourd’hui… C’est vrai, elle me l’a offert au Zénith de Toulouse, il s’appelle Michoko et va très bien. Il part même en tournée avec moi.

C’est drôle, ce nom renvoie à votre tout premier personnage… Ah oui, je n’avais jamais fait le rapprochement ! À 14 ans j’avais monté un spectacle dans un bar PMU de Pont-de-Vaux, dans l’Ain, avec mon ami Arnaud. Mon surnom c’était Choco à l’époque et du coup le spectacle s’appelait Mi-Arnaud Mi-Choco… Mon premier triomphe, quoi. C’est marrant car en plus je n’ai même pas choisi le nom du chat. C’est le destin qui fait sa petite boucle (rires).

Dans votre premier spectacle vous vous mettiez à nu, au sens propre comme au figuré, abordant des sujets assez forts comme votre adoption. Envisagez-vous l’humour comme une catharsis ? Dans la vie privée oui, je fais partie de ceux qui aiment rigoler quand ça ne va pas, pour dédramatiser, mais jamais sur scène où mon but est vraiment de faire rire les gens.

Mine de rien, vous vous livrez pas mal sur scène, jusqu’à donner votre vrai numéro de téléphone… Oui, je voulais que tout soit vrai. Tricher là-dessus supposerait que le reste n’est pas sincère. D’ailleurs au début je donnais un faux numéro, mais me trompais toujours dans le texte.

Quel est le propos d’Un Soir de gala ? J’observe des sujets déprimants propres à notre époque pour mieux en rire. Je joue une galerie de personnages qui chacun incarne une maladie contemporaine : la surconsommation de l’information, notre rapport aux faits divers, la fascination pour le morbide, le harcèlement, la solitude… Ce sont des gens assez bizarroïdes tous réunis le temps d’une soirée.

Comme une sorte de miroir déformant que vous nous tendez ? Ah oui, c’est pas mal ça, je vais vous le piquer tiens (rires) !

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce spectacle ? L’avez-vous imaginé durant la crise sanitaire ? J’ai commencé à écrire durant le premier confinement mais sans réussite, car cette période ne m’a pas du tout inspiré. Il m’a fallu entendre parler d’autres choses que de la pandémie pour que je m’y mette vraiment. Surtout, j’avais hâte de remonter seul sur scène et de repartir en tournée. C’est vraiment ce que je préfère dans le métier. J’adore découvrir des théâtres, boire des coups après un spectacle, parler avec les gens ou simplement prendre le train. Je connais pas mal d’artistes qui ne veulent jouer qu’à Paris, moi j’aime partir sur les routes.

© Guillaume Malheiro

© Guillaume Malheiro

Comment qualifieriez-vous votre écriture ? Vous ne cédez pas au stand-up, comme beaucoup de confrères… Oui, je préfère les spectacles théâtraux, avec des personnages, des situations. Je ne sais pas mener une conversation avec le public quand je monte sur scène. Pour moi, il faut que le spectacle ait un début, un milieu et une fin, que ce soit un bel objet. Que l’écriture soit chiadée. Et puis c’est amusant de passer des mois sur une blague, qui est par essence tellement dérisoire.

À ce propos, le public du nord de la France et de la Belgique est assez réputé pour sa réactivité… Ah oui, et ce n’est pas une fausse réputation ! D’ailleurs les captations sont souvent réalisées par ici. La première fois que j’ai joué au Sébastopol de Lille j’ai halluciné. C’est toujours un peu la fête de jouer dans le Nord. Mais bon, j’aime aussi le Sud, je ne voudrais pas me fâcher avec la moitié du pays (rires) !

Votre actualité, c’est donc le théâtre, mais aussi le cinéma. On vous verra dans Oranges sanguines aux côtés de Blanche Gardin en octobre, mais aussi dans A Good Man, dans un registre plus dramatique cette fois… Ah oui, c’est vrai, je ne sais même plus quand ils sortent ces films.

En novembre… Vous me l’apprenez, tiens. Je n’ai pas beaucoup joué au cinéma, mais j’aime bien ça. Ce n’est pas le même métier, disons que c’est un petit hobby à côté (rires).

C’est Christophe Honoré qui vous aurait donné l’envie de faire du cinéma, n’est-ce pas ? C’est vrai. À force de voir ses films, j’en ai eu marre de ne pas être dedans. C’était au moment où je m’installais à Paris. Le jour où j’ai vu Les Chansons d’amour, j’ai mal vécu le fait d’être dans la salle et pas à l’écran, avec Louis Garrel, Chiara Mastroianni…

Avez-vous des projets avec lui ? Pas du tout, comme quoi j’ai bien fait d’en parler, ça n’a pas du tout marché ! C’est pour ça que j’ai donné mon numéro de téléphone lors de mon premier spectacle : pour qu’il m’appelle.

S’il se passe quelque chose vous a valu un Molière. Mais j’imagine que la vraie consécration pour vous, ça a été de participer à Fort Boyard, non ? Complètement ! Petit je regardais l’émission tous les samedis soir, et tous les dimanches matin j’écrivais au père Fouras, car je voulais absolument y participer ! Ce fut vraiment l’une des plus belles journées de ma vie – même si j’étais dans l’équipe d’Ève Angeli…

Propos recueillis par Julien Damien // Photos : © Guillaume Malheiro
Informations
Amiens, Comédie de Picardie

Site internet : http://www.comdepic.com/index.html

17.09.2021>19.09.2021ven : 20 h 30 • sam : 19 h 30 • dim : 15 h 30, 27 > 13,50 €
Lille, Théâtre Sébastopol

Site internet : http://www.theatre-sebastopol.fr/

24.10.2021>19.09.202118 h, 43 > 29 €
Dunkerque, Le Bateau-Feu

Site internet : http://lebateaufeu.com

13.11.2021>19.09.202120 h, 15 €
Bruxelles, Théâtre 140

Site internet : http://www.theatre140.be

du lundi au vendredi de 12h à 18h
les samedis, dimanches et jours fériés de représentation de 15h à 19h
le soir du spectacle à partir de 19h45 (paiement en liquide uniquement)

14.11.2021>19.09.202120 h 30, 39 €
Articles similaires