Jon Hopkins
Singulier pluriel
Tutoyant les cimes (et quelques génies) depuis 2001, Jon Hopkins est une valeur sûre de l’electronica, au sens large. Artiste insaisissable, l’Anglais reste attendu au tournant mais négocie d’implacables virages – de quoi nous faire tourner la tête.
Singularity est le titre du sixième LP de Jon Hopkins – hors BO et collaborations. Un intitulé simple, mais qui sied à merveille à cet artiste peu ordinaire. Le natif de Surrey aurait pu ronronner dans son verdoyant comté, bénéficier d’un statut de producteur honnête et fiable reconnu par ses pairs (après tout, il a bossé avec Brian Eno ou King Creosote). Mais il a préféré se mettre en danger. Se surprendre, et nous avec, via le très dancefloor Immunity – on n’attendait pas forcément de tels hymnes de la part d’un électronicien connu pour ses tracks sensuels et aériens. Cet adepte de la méditation transcendantale relève donc le pari un peu fou de mêler techno âpre, ambient nébuleux et chorale séraphique. Bien que cérébral, le Britannique plonge les mains dans la matière sonore, la malaxe et modèle des sculptures phoniques aux mille et une facettes. C’est une métaphore, évidemment, car sur scène, le musicien tripote ses machines et fixe son écran – rien de spectaculaire, si ce n’est quelques visuels inspirés. Pas grave. Dans un lieu mythique comme l’Ancienne Belgique, le mieux est de fermer les yeux et de se faire son propre film : Hopkins se charge de la BO.