Traviata, vous méritez un avenir meilleur
Pas si classique
Judith Chemla / Benjamin Lazar / VerdiL’équipe réunie autour de Benjamin Lazar dépoussière avec audace et respect La Traviata de Verdi, pour en filtrer toute l’humanité. Incarnée par une Judith Chemla incandescente, Violetta, courtisane sacrifiée sur l’autel de l’amour, devient une icône moderne.
Qui est vraiment Violetta ? Un fantasme théâtral ? Une cousine de la Dame aux camélias ? La courtisane Marie Duplessis, femme libre qui inspira Alexandre Dumas fils comme Verdi ? Une femme sacrifiant son amour à cause de la maladie et de la ruine ? Prenant la forme d’une enquête sur les traces d’un fantôme, la pièce suit toutes ces pistes à la fois, mêlant fiction et réalité avec un anachronisme assumé. Par un jeu d’échos, de Baudelaire au poète contemporain Christophe Tarkos (1963 – 2004), se dessine la faune artistique et transgressive du Paris de 1840 à aujourd’hui. De cette rêverie musicale, la troupe conçoit pourtant un spectacle populaire, mêlant français et italien, spontanéité du jeu et chant. Loin de la traditionnelle séparation entre la fosse et la scène, musiciens et chanteurs-comédiens se partagent les rôles et le plateau, au plus près du public. Au centre, parmi les fleurs dont le parfum accompagnera sa chute, brille Judith Chemla. Déjà bien connue au cinéma (Camille redouble, Versailles, Une Vie…) on découvre ici ses talents d’interprète lyrique. Elle réinvente Violetta, fendillant son statut d’éternelle victime pour défendre sa liberté et son droit à « vivre plus vite et plus fort ».