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Echappées (re)belles

Au début du XXe siècle, cinq adolescents rebelles sont envoyés sur une île afin de suivre un étrange programme de rééducation… Détaché du moindre souci de réalisme, Les Garçons sauvages est une rêverie capiteuse où la chair l’emporte sur la morale.

Entamée à la fin des années 1990 dans le sillage d’une formation à l’école de cinéma d’animation des Gobelins, l’oeuvre de Bertand Mandico s’est épanouie au gré d’une trentaine de courts et moyens-métrages aux titres évocateurs (Souvenirs d’un montreur de seins, Notre-Dame des Hormones…). En passant au long, le Toulousain ne renie rien d’une esthétique où les visions priment sur le récit. Toiles peintes, fondus, incrustations… Les Garçons sauvages réactive les moyens techniques primitifs par lesquels le cinéma s’est directement branché sur l’inconscient. Il faut un certain temps pour percevoir derrière le visage délicat des cinq adolescents celui des actrices – et notamment de l’excellente Vimala Pons. Loin de s’apaiser, ce trouble initial est le point de départ d’une série de métamorphoses. Empruntant autant à la mythologie grecque qu’à Burroughs, Mandico invente des créatures hybrides, effaçant les distinctions entre les règnes. Dans cette île où plane une odeur d’huître, les visages deviennent des falaises et les plantes des organes sexuels. On parcourt alors un monde où domine le principe de plaisir. La moindre surface se fait érogène, tandis que la pellicule, alternant noir et blanc et couleur, semble elle-même frissonner telle une peau. Une perle.

Raphaël Nieuwjaer

De Bertrand Mandico, avec Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel… En salle

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