Home Cinéma 120 battements par minute

Au coeur de la lutte

En rappelant l’histoire de la lutte contre le sida à l’orée des années 1990, Robin Campillo a bouleversé la 70e édition du Festival de Cannes. Il rend hommage aux militants qui ont refusé de vivre cette période comme une fatalité, multipliant les actions coups de poing. Une oeuvre politique qui suscite le rire autant que les larmes sans sombrer dans le pathos.

Il y a 25 ans, en France. Le sida ronge les corps et provoque la mort à court ou moyen terme. Les homos sont alors méprisés par les pouvoirs publics et les séropositifs victimes d’une abjecte chasse aux sorcières. Face à cette infamie, les activistes d’Act Up-Paris, association de lutte contre le VIH, montent au front de manière peu orthodoxe. Témoin, cette capote géante recouvrant l’obélisque, place de la Concorde (1993). Ou ces militants aux allures de pom-pom girls qui scandent des slogans touchés par la grâce : « des hémophiles pour qu’on s’enfile » ou « des molécules pour qu’on s’encule ».

Plus fort que la mort

Parmi eux il y a Nathan, le néophyte. Et Sean, un vétéran des manifs. L’un est séronégatif, l’autre déjà à l’agonie. Pourtant, quand leurs corps se frôlent puis se pénètrent, c’est toute l’histoire des scènes de sexe au cinéma qui vacille. Rien à voir avec une amourette, le film traduit une vraie rage de vivre. On assiste à une course contre la montre dès lors que les personnages apprennent leur séropositivité : il faut redoubler la pression sur les laboratoires pharmaceutiques. Adèle Haenel, galvanisée par des nouveaux talents (Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz) guide un collectif qui ne manque pas d’humour. Face à cette jeunesse désemparée qui retrouva l’espoir dans la chaleur du groupe, le coeur du public devrait battre plus de 120 fois par minute.

120 BATTEMENTS PAR MINUTE from Lucas Masson on Vimeo.

Mélissa Chevreuil

De Robin Campillo, avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz… Sortie le 23.08

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