Apocalypse bébé
L'enfer, c'est les autres
Virginie Despentes et la scène, c’est une affaire qui roule. Elle a récemment lu le Requiem des innocents de Calaferte, accompagnée d’un groupe de rock. On a aussi assisté à l’adaptation par Cécile Backès de son manifeste féministe, King Kong Théorie. Voici donc celle d’Apocalypse bébé, pour lequel elle reçut en 2010 le prix Renaudot. On y suit deux femmes détectives à la recherche d’une ado délurée en fugue. L’enquête nous emmène de Paris à Barcelone, de la bourgeoisie aux banlieues crasses. Plus qu’un simple polar, ce roadtrip radiographie une société rongée par la solitude, le machisme, la violence… Sur le plateau, sept comédiens incarnent les nombreux personnages du récit, alternant les parties dialoguées et les adresses au public. La mise en scène de Selma Alaoui découpe les 14 chapitres en séquences épurées. Les lieux et situations s’enchaînent en un levé de rideau, restituant le souffle post-punk propre au roman, relevé d’un soupçon d’humour. Noir, évidemment.