Sing Street
Esprit de groupe
Les cinéastes britanniques visent souvent juste quand ils s’intéressent au fleuron de leur culture. Le pudding ? Mais non, la musique ! Le troisième film de John Carney nous téléporte ainsi dans les années 1980, aux côtés d’ados échappant à la grisaille dublinoise en créant un groupe pop.
Conor, la quinzaine décoiffée, doit faire face au divorce de ses parents et quitter son bahut privé pour un lycée public où règnent misère et violence. Entre les baffes d’un prêtre sadique et celles d’un skinhead bas du front (pléonasme), notre héros « flashe » sur la belle Raphina. Pour la séduire, il lui raconte qu’il a monté un groupe et (logique) qu’il cherche une fille pour tourner dans ses clips. Eh oui, nous sommes au mitan des années 1980. L’émission Top of The Pops a détrôné la messe. Robert Smith et consorts ont donné des idées à nos jeunes romantiques, qui se maquillent comme des voitures volées sous leurs coupes de cheveux expérimentales. Ainsi naît Sing Street, quintette jouant une musique « happy sad » selon Conor. Soit « quelque chose qui te fait te sentir mal, mais avec entrain ». Cette définition s’applique aussi bien à cette comédie dramatique, inégale certes, mais boostée par une BO rafraîchissante – on dira ce qu’on voudra, In Between Days (The Cure, 1985) reste l’hymne de toute adolescence qui se respecte. Oui, la vie dans ce Dublin là, en pleine crise économique, n’est pas drôle tous les jours. Les affres d’un premier amour non plus. Mais quoi de mieux que la musique pour s’évader ? Le cinéma peut-être.
De John Carney, avec Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor… En salle