Craig Clevenger
Le Contorsionniste
(Le Nouvel Attila)Oeuvre culte aux USA, le premier roman du Texan Craig Clevenger aura mis 15 ans à traverser l’Atlantique. La faute à son éditeur, envolé avec la caisse, puis à des producteurs qui ont bloqué les droits du livre sans jamais l’adapter. Soit. Loué par Irvine Welsh ou Chuck Palahniuk, Le Contorsionniste nous conte l’histoire de John Dolan Vincent, un escroc affublé de 11 doigts et d’un talent peu commun pour la contrefaçon – ordonnances, actes de naissance, cartes de sécu… Mais ce faussaire de génie souffre aussi de dantesques migraines qu’il soigne en s’auto-médicamentant… jusqu’à l’overdose. Le voici donc à l’hôpital, dans un nouveau jeu de poker menteur face à un psy qui doit évaluer s’il a tenté de se suicider. Pour échapper à l’autorité sanitaire, qui pourrait l’enfermer, mais aussi à la police ou à la mafia à qui il vend ses dons, John cumule les identités, se fabriquant sans cesse une nouvelle vie. Au risque de se perdre ? Si on regrette un récit parfois confus (logique, vu le bazar qui règne dans ce cerveau torturé) on salue un joli tour de passe-passe narratif, jonglant avec les flashbacks, le suspense et une plume qui n’est pas sans rappeler Fight Club – cette ironie, cette façon d’interpeller le lecteur… La sensibilité en plus.
320 p., 20 €.