Kyan Khojandi
Bref, il a le premier rôle
Après de discrètes apparitions chez Klapisch ou les Suricates, Kyan Khojandi décroche enfin son premier grand rôle au cinéma. Dans Rosalie Blum de Julien Rappeneau, adapté d’une BD de Camille Jourdy, il incarne Vincent Machot, un coiffeur qui a hérité du salon de son père, coincé dans une existence étriquée et étouffé par sa mère (Anémone). Un jour, il se met à suivre une mystérieuse femme (Noémie Lvovsky), persuadé de l’avoir déjà rencontrée. Le voilà lancé dans une enquête qui va bouleverser sa vie… Et dans un registre tendre et candide, bien loin des programmes qu’il produit comme Bref ou Bloqués. Entre deux vannes, Kyan nous parle aussi de ses pulsions, dont il a tiré un surprenant one-man-show. Entretien avec un type très occupé.
Attendiez-vous depuis longtemps ce « premier premier rôle » au cinéma ? Non, parce que je n’ai pas vraiment de plan de carrière, mais je cherchais une bonne histoire et Rosalie Blum en est une. C’est un film bien ficelé, loin des clichés… une vraie bulle d’air.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette histoire ? J’ai été très touché par ce personnage. Etrangement, il me ressemble beaucoup à une période où je tenais le magasin de tapis de mon père – d’ailleurs, si vous en cherchez un n’hésitez pas ! – où j’avais une copine qui n’était pas vraiment ma copine… Mais je sentais que quelque-chose d’autre m’attendait. Moi, je n’ai pas rencontré Rosalie Blum comme Vincent Machot, mais le théâtre.
Comment présenteriez-vous ce film ? C’est un thriller avec des gens qui cherchent à sortir du train-train quotidien. Cette histoire devrait résonner en vous si vous sentez que votre vie n’est pas celle que vous avez choisie. L’ensemble est remarquablement écrit, on ne donne pas de leçon, c’est très pur.
Comment avez-vous composé ce rôle ? Je me suis entraîné en Alaska en courant dans la neige tous les jours… j’adorerais dire ça un jour en interview (rires). Non, comme je le disais ce personnage est très proche de moi. On peut penser que j’ai une vie très active, comique, mais en réalité j’aime rester chez moi, je suis très contemplatif, comme Vincent Machot qui préfère vivre dans sa bulle sans déranger les gens…
Qu’en est-il de votre spectacle, Pulsions, dans lequel vous parlez aussi beaucoup de vous ? Je l’ai testé et écrit avec le public grâce auquel j’ai pu essayer plein de choses. J’ai commencé ma tournée à Bruxelles il y a quatre mois car c’est un endroit qui donne énormément confiance. En fait j’ai suivi les conseils de Jamel qui m’a dit : « va dans le Nord, en Belgique, à Liège, à Bruxelles… tu verras les gens vont te donner des ailes ». C’est le cas.
Quel est le sujet de ce stand-up ? A travers ma série Bref j’ai bien exploré l’intimité d’un jeune trentenaire… Ici, je voulais aller plus loin en évoquant un truc assez tabou : les pulsions, et comment apprendre à vivre avec.
De quelles pulsions s’agit-il ? Sexuelles, de violence, de faim… tout ce qu’on essaie de réfréner chaque jour. Ces pulsions perturbent notre volonté d’être des gens parfaits et c’est très intéressant à exploiter d’un point de vue comique.
Quel est votre rapport à la scène ? C’est là que j’ai commencé il y a dix ans. Ensuite j’ai réalisé ma série et mis mon spectacle de côté. En revenant sur les planches, je n’avais pas envie de raconter de vieilles blagues mais des choses plus profondes. Durant 1 h 20, je livre des histoires très personnelles. C’est un exercice très exigeant et c’est pourquoi j’ai testé ce spectacle en public. Chaque blague a été réécrite et améliorée… C’est un retour à la simplicité totale.
Rosalie Blum, de Julien Rappeneau, avec Kyan Khojandi, Noémie Lvovsky, Alice Isaaz… En salle
Pulsions, jusqu’au 30.04, Paris, L’Européen // 15.11, Bruxelles, W:Halll // 03.12, Lille, le Splendid