Pauline s’arrache
Ciné-thérapie
Pour son premier passage derrière la caméra, Emilie Brisavoine a décidé de filmer sa famille. Quelque part entre un épisode de Strip-Tease et Jonathan Caouette, Pauline s’arrache compose un portrait de groupe tout en éclats de voix et de lucidité. Drôle et touchant.
La musique du générique évoque Danny Elfman, le compositeur attitré de Tim Burton. En quelques cartons, une histoire ordinaire se déploie sous la forme d’un conte : une rencontre, des enfants, une rupture. Puis une nouvelle rencontre, et de nouveaux enfants. Le schéma idéal a déjà du plomb dans l’aile. Et ce n’est que le début. Sur un riff de guitare tonitruant, la petite famille danse bientôt au milieu d’une salle des fêtes, tous joyeusement travestis. C’est dans cette famille recomposée qu’Emilie Brisavoine nous plonge. Les enfants se disputent, les portes claquent, le père (transformiste) essaie de calmer tout le monde en hurlant. Rien que de très banal. Et ce ne sont pas les excentricités parentales qui y changeront vraiment quoi que ce soit.
Miroir – Pauline s’arrache n’est pas que l’histoire d’une famille « bizarre » ou de l’émancipation d’une ado. Sans prévenir, un raccord convoque des images d’archive. Le présent plonge dans le passé. Des douleurs enfouies remontent, des discussions se nouent enfin. S’engage alors une sorte de psychanalyse par les moyens du cinéma. Mais Emilie Brisavoine évite les écueils du voyeurisme grâce à la proximité affective qu’elle entretient avec ceux qu’elle capture. Elle négocie sa place au fil des séquences en quelque sorte. La caméra sert surtout aux protagonistes – de bouclier, de confessionnal. Comme si la cinéaste tendait un miroir brisé à sa famille pour l’aider à recoller les morceaux.
D’Emilie Brisavoine, avec Pauline Lloret-Besson, Meaud Besson, Frédéric Lloret…
En salle