Farid Berki
Passeur de frontières
Cie Melting SpotVoilà trois décennies qu’il réinvente le langage des corps. Chorégraphe de renommée mondiale, Farid Berki forge les belles lettres du hip-hop en croisant les cultures et les arts. Le (déjà) quinquagénaire fête dans sa région natale les 20 ans de sa compagnie, Melting Spot.
Finalement, personne n’aura réussi à l’enfermer dans le rôle du lascar de service. Enfant du quartier de la Bourgogne, à Tourcoing, Farid Berki grandit dans une courée à deux pas de l’usine où s’échine son père. Et comprend vite la notion de déterminisme : « Gamin, je me suis rapidement rendu compte qu’on vivait dans des réserves d’indiens, qu’on était dans des classes poubelles… ». à quinze ans, il quitte cette école qui ne lui propose guère qu’un destin de nettoyeur. Pile au moment où le hip-hop débarque en France. Porté par cette énergie nouvelle, Farid échappe-là aussi aux codes un peu convenus du genre.
ADN métissé
Danseur de rue à ses débuts, il malaxe le style jusqu’à le transcender. Persuadé que cette différence qui effraie souvent est une richesse, le Tourquennois mêle les disciplines (danse, théâtre, BD, vidéo…) et les cultures du monde entier. Revisite le flamenco, le jazz, les claquettes et même… Stravinski ! Le métissage colore sa chorégraphie : « je suis moi-même le résultat d’une hybridation ». Entre l’Algérie de son père, la France de sa mère et le plat pays, il se présente comme un « passeur de frontières ». L’ancien militant de quartier a toujours envie de changer le monde. Mais aussi, via Melting Spot, de transmettre ce répertoire hip-hop qu’il bâtit en autodidacte. Comme tous les pionniers.