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Everyday Robots

Parlophone / EMI
Everyday Robots - pochette

Devinette : à quand remonte la dernière bourde musicale de Damon Albarn ? Vous avez 46 minutes. Le temps d’écouter Everyday Robots, « album personnel », selon l’intéressé. Une incontestable réussite surtout, et un élément de réponse à notre énigme.

Jamais. La voilà, la réponse : le Britannique ne s’est jamais planté. Toujours pas anobli par la Reine, jamais rassasié, il tient la dragée haute au reste du vivier de la pop anglaise dès la fin des années 80, lorsqu’il fonde le groupe Seymour (futur Blur, vous l’aurez compris) avec Graham Coxon.

 

Après un premier essai marqué par le baggy sound, déboule la trilogie anthologique Leisure (1991)/ Modern Life is Rubbish (1993)/ Parklife (1994), ainsi que le foutraque single Popscene qui s’incruste sur la scène punk, mais avec des trompettes. Puis, Blur lorgne vers les USA et conclut (?) une belle carrière avec Think Tank (2003), volontiers plus agressif et expérimental. La tête pensante de Blur a plus d’une corde à sa gratte et quelques amis précieux, dont le dessinateur Jamie Hewlett, avec lequel il crée les primates de Gorillaz et signe quelques trip-hopéras, carambolant des milliards d’influences et remportant un tel succès qu’on ne sut plus qui, de Blur ou de Gorillaz, était le side-project de l’autre. The Good, The Bad And The Queen, dans un registre plus urbain et intimiste, propose un autre son de la cloche d’Albarn. Et dans tout ça, jamais d’expérience solo ? C’est que, de son propre aveu, il avait toujours eu un projet plus excitant. Jusqu’à aujourd’hui…

La mécanique du cœur

Outre sa présence sur à peu près toutes les scènes depuis vingt-cinq ans, on pourrait définir Damon Albarn par sa voix. On est bien content de la retrouver, celle-là. Confortablement installée au piano, elle donne le ton dès la chanson-titre et son sampling subtil : on s’attend au meilleur. Suit Mr Tembo, hymne choral pour crépuscule d’ivresse, pas loin de Cat Stevens, enfin, de Yusuf Islam. Après le crépuscule, viennent la nuit noire et la ritournelle mélancolique The Selfish Giant, ballade éclairée à la bougie. S’il ne fallait retenir qu’un dénominateur commun (quel triste procédé), ce serait quand même la nostalgie. Rage contenue (la seconde moitié de You & Me), introspection ( l’autobiographique Hollow Ponds) : Everyday Robots est un panorama de sentiments complexes, un entrelacs vibrant, mais jamais un fourre-tout. Enfin l’apothéose Heavy Seas of Love, voit chanter Brian Eno – ce qui n’est plus si fréquent. Les chœurs sont revenus et le duo, heureux, nous quitte sur une rengaine plus naïve et enthousiaste. Un adieu en forme d’encouragement, qu’on retourne volontiers au monsieur de la devinette.

 

Alexis Floret
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