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StuBruOutai ?

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En trente ans d’antenne et d’émissions devenues cultes, la radio publique flamande Studio Brussel a sensiblement bouleversé le paysage hertzien du plat pays. Si ses maîtres-mots – indépendance et impertinence – semblent s’être dilués au fil du temps, la station demeure un repère culturel et musical pour les jeunes du nord de la frontière linguistique.

L’une des missions de Studio Brussel, inscrites dans son cahier des charges, consiste à « stimuler la perception du monde à travers la musique ». À l’heure du tout à l’annonceur et du retour de l’eurotrance, StuBru (pour les intimes) a cependant perdu de sa superbe, préférant miser sur un certain jeunisme, au détriment du défrichage tout-terrain. Le cul entre les générations X et Y, elle tente aujourd’hui de parer aux critiques qui la jugent devenue « trop commerciale ». Comment ? En préservant ses émissions les plus « indie » (Duyster, Lefto, TLP, Select) tout en racolant un public djeunz – celui qui kiffe Martin Garrix et « twerke » sur son smartphone en singeant Bubble Butt. Ce « C’était mieux avant » possède même sa page Facebook, intitulée StuBeu (« beu » = « marre » en flamand). 15 000 likes qui ne pèsent pas bien lourd face aux 300 000 de la page officielle, mais tout de même : c’est un signe des temps, et ils sont durs pour tout le monde.

De Trompe Le Monde aux trompe-oreilles
Apparue comme une bonne blague le 1er avril 1983 sur les ondes bruxelloises de la BRT (aujourd’hui VRT – soit l’équivalent flamand de la RTBF), Studio Brussel débute son ascension en programmant du rock alternatif et des talk-shows à l’humour intraduisible (l’historique Het Leugenpaleis, soit « Le Palais du Mensonge »). La station devient rapidement la caisse de résonance de la jeunesse flamande amatrice de rock indé : c’est l’époque du grunge, de la britpop et de l’indie d’Anvers (dEUS etc.), bref, ce sont les 90’s, un âge d’or révolu. « C’est vrai que les temps ont changé, reconnaît Luc Tirez, coordinateur musical de StuBru. Avant les jeunes écoutaient soit du rock, soit de la dance. Aujourd’hui ils vont aussi bien au Pukkelpop qu’à Tomorrowland ». D’où ce revirement FM à l’orée du nouveau siècle, considéré par beaucoup comme un retournement de veste. N’empêche, Studio Brussel demeure un média qui ose encore la prise de risques (voir notre encadré), mais ce n’est plus la panacée. StuMieuxAvant ?

Grégory Escouflaire

Studio Brussel en 4 émissions-phares

Duyster
Du nom de sa présentatrice (Ayco de son prénom), c’est le rendez-vous dominical et intimistes des amateurs de post-rock, slowcore, electronica, et Americana. (dim, 21h>23h)
Select
Le meilleur de l’actu musicale. Une sorte de Pitchfork FM, garanti sans Muse ni Netsky. (lun>jeu, 20h>22h)
Lefto et TLP
Deux DJs aux mixes groove et rares. Le tandem bouffe certainement de l’acétate au petit déjeuner. Nu-jazz, soul, dubstep, trap, r’n’b, ragga : plus swag, tu meurs. (TLP : sam, 18h>20h // Lefto : dim, 19h>21h)
Het Jaar Van De Gitaar
La fiesta du riff et du solo. Vous avez deux heures pour bouger les cheveux. (dim, 17h>19h)

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