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Avis de tempête

de Guillaume Brac

Après Un monde Sans Femmes (2012), moyen métrage remarqué, Guillaume Brac retrouve son acteur fétiche et ami Vincent Macaigne pour son premier long. Légitimement attendu, Tonnerre, romance teintée de mélancolie qui tourne au film noir, ne déçoit pas.

Las de végéter à Paris, Maxime, rockeur en panne d’inspiration, reprend de l’air chez son père dans une bourgade de l’Yonne. La rencontre inattendue avec Mélodie, apprentie journaliste de dix ans plus jeune, marque le début d’une relation dans laquelle le trentenaire place tous ses espoirs. Et lorsque la jeune femme retourne dans les bras de son ancien amant, l’amour naissant se mue en obsession. Ici, le virage vers le thriller est d’autant plus réussi qu’on ne l’avait pas vu venir, charmés par les forêts et clochers enneigés de la Bourgogne rurale. Décor du drame, le village de Tonnerre, ses vieilles pierres et sa  chapelle gothique, semblent figés dans le passé avant qu’un homme normal ne déraille.
Révélation Brac souligne, suggère. quelques plans suffisent à comprendre la solitude qui habite la carcasse ramollie de son (anti-) héros. Pour ne pas verser dans le nombrilisme, le diplômé de la Fémis a la bonne idée de déplacer l’intrigue sur la relation entre le père et le fils. Il parvient à faire oublier sa caméra grâce à des scènes de la vie quotidienne jouées par des amateurs inspirés. Enfin, il offre à Vincent Macaigne l’occasion de montrer l’étendue de son talent : on vibre lorsqu’il supplie sa belle d’une voix brisée, on retient notre souffle quand il pointe une arme sur son rival, une lueur de désespoir dans le regard. Sans nul doute l’un des nouveaux piliers du cinéma français.

Marine Durand

Tonnerre, de Guillaume Brac
Avec Vincent Macaigne, Solène Rigot, Bernard Menez…

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