Bring the noise
It's (not) only rock'n'roll
Simon Reynolds, Éd. Au Diable VauvertAuteur des remarqués Rip It Up And Start Again (2006), consacré au post-punk, et de Retromania (2011), sur le rapport que les cultures populaires entretiennent avec le passé, Simon Reynolds publie la somme Bring The Noise, 25 ans de chroniques, entretiens et réflexions sur la pop – au sens large.
En feuilletant ce recueil, on est d’abord frappé par l’érudition de son auteur. Rock, hip-hop, musiques électroniques… Rien ne semble avoir échappé à son radar musical, et tout est abordé ici avec le même enthousiasme. Simon Reynolds est une machine à disséquer son environnement musical, à penser cet objet mouvant, parfois difficilement identifiable, qu’est la pop. Au final, l’ensemble ressemble davantage à un dictionnaire critique qu’à une vulgaire compilation de ressentis. Car Reynolds donne de l’importance à la musique, lui confère une consistance rarement atteinte. Armé d’un bagage critique et théorique puisant autant chez Barthes que chez Derrida (excusez du peu), nourri aux cultural studies, l’auteur réalise ce fantasme universitaire qui consiste à s’emparer d’une matière non noble pour la transformer en objet parfaitement digne d’intérêt. Disserter sur Dizzee Rascal, penser Morrissey, conceptualiser Pulp, fracasser Blur, voilà notamment ce à quoi invite Reynolds ; et plutôt bien d’ailleurs. Chaque article est accompagné d’une note contemporaine, regard rétrospectif parfois amusant du journaliste sur lui-même ; car, oui, il est parfois arrivé à Simon de se tromper… Et c’est plutôt rassurant. La pop n’est pas toujours une science exacte.
656p., 25€.