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Le tour de la question

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« Pour moi, la magie n’est pas une fin en soi, mais le moyen de s’interroger sur des domaines politiques et sociaux » confie Thierry Collet au détour d’une phrase. Entouré de ses confrères Carmelo Cacciato et Kurt Demey, ce comédien et prestidigitateur utilise ses talents d’illusionniste pour lever le voile sur certains tours de magiciens et d’autres, qu’on nous joue quotidiennement.

Qui Vive dévoile le secret de quelques tours. N’est-ce pas sacrilège ?
Non, car les tours que nous révélons sont disponibles dans n’importe quelle mallette de magie pour enfants. Mais ce n’est pas une conférence, les dispositifs de révélations sont théâtraux. Le public peut faire l’aller-retour entre le plaisir d’être émerveillé et le plaisir de comprendre.

Vous ne faites pas de la magie « pour endormir les gens, mais pour les réveiller », proclame votre manifeste. Que voulez-vous dire ?
Le magicien est un marchand de sable, qui détourne l’attention de ce qu’il fait vraiment. Or, le public est heureux d’être dans l’illusion et ne veut surtout pas connaître le truc. Mais jusqu’à quel point, dans notre vie de citoyen, ne veut-on pas savoir ? Rester dans l’ignorance, c’est la solution de facilité. Il est beaucoup plus difficile de s’informer et d’utiliser son esprit critique. Le magicien passe un contrat clair avec le public, en prévenant qu’il va tromper son monde. Or, dans nos vies, ces techniques sont utilisées à des fins moins heureuses.

Pourriez-vous donner un exemple concret ?
Prenons le cas de Colin Powell. En2003, pour convaincre l’ONU que l’Irak disposait d’armes de destruction massive, ce secrétaire d’État des États-Unis brandit une fiole qu’il présente comme remplie d’anthrax. C’est un leurre, de la même façon qu’un magicien explique qu’il n’a rien dans les manches ou que sa boîte est vide.

Donc la magie, c’est simplement la différence entre celui qui sait et celui qui ne sait pas ?
Oui. Celui qui a l’information a le pouvoir. Nous pensons être sur-informés, car nous sommes abreuvés d’images. Or, il ne faut jamais oublier qu’il y a toujours un hors-champ. On prend l’image pour vraie, mais elle est cadrée. On a choisi de nous la montrer ainsi. Comme le magicien choisit de mettre l’accent sur un geste plutôt que sur un autre.

Propos recueillis par Thibaut Allemand
Informations
Feignies, Espace Gérard Philipe
12.02.2013
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