Andy Kaufman
La mécanique du rire
Florian Keller, Éd. CapricciIl était le fameux Man On The Moon (1999), incarné par Jim Carrey dans le biopic de Milos Forman. L’acteur Andy Kaufman (1949-1984) se jouait de son auditoire et mit au point un humour très particulier . Volontiers surréalistes et provocantes , ses performances créaient une sorte de malaise salutaire . Critique de cinéma, le suisse Florian Keller décrypte , dans un bel essai , les mécanismes de ce personnage insaisissable .
Non, Andy Kaufman n’était pas exactement un joyeux drille. À rebours du Rêve américain, le New-Yorkais lunaire se situait volontiers du côté des losers. Il proposait un comique déceptif, faussement amateur, reposant sur les imitations et l’imposture. Les ratages faisaient partie intégrante de son art. Convoquant les théories du philosophe slovène Slavoj Žižek et disséquant l’Amérique de la seconde moitié du XXe siècle, Florian Keller retrace la destinée de cet excentrique, mort d’un cancer à l’apogée d’une fulgurante carrière débutée au mitan des seventies. Un épisode postmortem résume assez bien cet humour écartelé entre le grotesque et l’horreur pure. Dans un ultime canular, Kaufman avait imaginé simuler sa propre mort… et mieux revenir à l’improviste vingt ans plus tard. Le 16 mai 2004, vingt après donc, sa famille afficha une banderole « Bienvenue à la maison Andy ». Un pétard mouillé plein de tendresse, à l’image d’une œuvre prise en étau entre bêtise et subtilité, sarcasme et provocation, simulation et réalité. Et si finalement, le ridicule tuait bel et bien ?
Comique extrémiste – Andy Kaufman et le Rêve Américain, Florian Keller, éd. Capricci, 256 p., 18€