Home Exposition Victor Vasarely

La forme et le fond

Artiste populaire, visionnaire, Victor Vasarely a illuminé la seconde moitié du XXe siècle de ses œuvres psychédéliques, illusionnistes et abstraites. Mais comment a-t-il fondé ce qu’on appellera l’Op Art ? Depuis l’école du Bauhaus jusqu’à la création publicitaire, le Musée du Touquet-Paris-Plage retrace le parcours d’une figure capitale de l’art contemporain.

De Victor Vasarely, on connaît les toiles emplies de formes géométriques élémentaires. Ce ballet de cubes, cercles ou losanges offrant l’illusion du mouvement. « Il n’y a pas une “forme” et une “couleur” séparément. Elles ne font pas deux, mais un : la “forme-couleur” », déclarait-il. Cet alphabet plastique résulte de combinaisons et de calculs élaborés avec règles et compas sur du papier millimétré, qu’il nommait ses “programmes” – bien avant l’avènement de l’informatique. Pour autant, « il n’est pas seulement l’artiste des ronds et des petits carrés », s’amuse Pierre Vasarely. Le Parisien garde de son grand-père le souvenir d’un homme rigoureux et aux journées minutieusement réglées (comme son œuvre) dans l’atelier de sa maison d’Arcueil, dans le Val de Marne. « Il avait d’ailleurs une formule : “99% de sueur et 1 % de création” ». Ce fameux art optique (ou Op Art), n’a en effet pas surgi « d’un coup de baguette magique ou sous l’effet de substances illicites ».  Il est plutôt le fruit de longues recherches, débutées au Bauhaus puis dans la publicité – on lui doit d’innombrables logos traversant toujours notre quotidien, comme celui de Renault.

Les lois de la nature

C’est tout l’intérêt de cette exposition : retracer l’histoire de Vasarely en 70 œuvres. Intimiste, ce parcours chrono-thématique dévoile les étapes phares d’un style unique. On y découvre par exemple ses Zèbres, travail virtuose sur le trait et prémices de sa quête du mouvement. Plus étonnants chez cet artiste souvent présenté comme technophile, les ovales et ellipses de la série Belle Isle témoignent du « choc visuel » vécu en Bretagne. Devant ces plages de galets et le roulis de la mer, il fut certain « d’y reconnaître la géométrie interne de la nature ». Les œuvres de Denfert, inspirées par les craquelures des carreaux de faïence de la station de métro Denfert-Rochereau qu’il empruntait souvent, inaugurent elles ses paysages artificiels. Plus loin, les peintures de Cristal-Gordes, nées d’un séjour en Provence, rendent compte de la modification de notre vision par les jeux d’ombre et de lumière… « Chacune de ces étapes l’amènera vers la simplification et l’abstraction ». Soit autant de facettes d’un artiste symbole de la modernité des Trente glorieuses, et ici révélées au grand jour.

Julien Damien
Informations
Le Touquet, Musée du Touquet-Paris-Plage
26.10.2019>26.04.2020tlj sauf mardi : 14 h-18 h, 3,50 / 2 € (gratuit -18 ans)
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