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Entre les fils

De lin et de laine

En 2015, le Musée royal de Mariemont, à Morlanwelz, recevait de la part de deux collectionneurs, Maria Luise Fill et Robert Trevisiol, un trésor inestimable : plus de 215 pièces de textile égyptien datant du IIIe au XIIe siècle. Aujourd’hui révélés, ces tissus plongent le public au cœur du foyer de nos ancêtres. Quels hommes, femmes et enfants trouve-t-on derrière ces étoffes rares  ? Comment ces objets si fragiles ont-ils pu être conservés ? Arnaud Quertinmont, commissaire de l’exposition De lin et de laine, lève le voile sur une époque finalement méconnue.

Quel est le but de cette exposition ? Révéler au public la conception, l’évolution, les méthodes de tissage et les colorants utilisés pour les vêtements ou les tissus d’ameublement des Egytpiens, il y a plus de 1000 ans. Il s’agit aussi de dessiner cette époque à travers ces pièces, car elles représentaient bien plus que de simples “vêtements”. Pour eux, c’étaient des objets de valeur les accompagnant tout au long de leur existence. Ainsi, nous souhaitons également inviter les spectateurs à imaginer la vie de ces gens derrière l’étoffe. Ces textiles sont rares, et les histoires qu’ils portent surprenantes.

Surtunique d’enfant, Egypte, 5 et 7e siècle © Don de Maria Luise Fill et Robert Trevisiol Collection Fondation Roi Baudouin

Surtunique d’enfant, Egypte, 5 et 7e siècle © Don de Maria Luise Fill et Robert Trevisiol Collection Fondation Roi Baudouin

Pourquoi le lin et la laine ? Ce sont les matières les plus appréciées à cette époque. Ces étoffes sont véritablement intégrées au quotidien des Egyptiens. L’usage de la laine était particulièrement fréquent. Le lin était lui aussi très utile, notamment pour confectionner des habits, quoique difficile à teindre. Ces œuvres offrent donc des témoignages, rares, de leur vie. L’exposition présente les résultats de plusieurs années de recherche. On se rend ainsi compte de la difficulté à interpréter certaines pièces. En effet, lorsque l’on retrouve un morceau de tissu, il est difficile de deviner s’il servait à la décoration ou à se vêtir.

Comment ces tissus ont-il pu être conservés ? L’une des conditions principales concerne la température. Ils sont d’une fragilité extrême et doivent impérativement être gardés dans des lieux frais, pour éviter tout risque de dégradation. A cet égard, nous sommes fiers de présenter une toge particulièrement bien conservée, et qui a appartenu à un enfant.

Chaussette d’enfant Égypte, trouvé à Antinoé, 240-400 Bruxelles, Musées royaux d’Art et d’Histoire

Chaussette d’enfant
Égypte, trouvé à Antinoé, 240-400
Bruxelles, Musées royaux d’Art et d’Histoire

Quelle serait la pièce la plus remarquable ? Sans aucun doute… la chaussette ! Celle-ci possède seulement deux encoches, une pour l’orteil et l’autre pour le reste du pied. Il est assez incroyable d’observer l’évolution de ce vêtement, de leur époque à nos jours.

Il y a également un parcours spécifique pour les enfants, n’est-ce pas ? Oui, car il était inconcevable pour nous de ne pas inclure le jeune public dans l’organisation de cet événement. Notre musée est avant tout un lieu familial. Ainsi, les enfants pourront suivre l’exposition grâce à Zoïlos, le personnage interprété par Tania Sanchez-Fortun, offrant une approche plus pédagogique du parcours.

Propos recueillis par Marion Humblot
Informations
Morlanwelz, Musée Royal de Mariemont

Site internet : http://www.musee-mariemont.be/

Tous les jours sauf les lundis non fériés, avril > septembre, : 10h > 18h / octobre > mars : 10h > 17h

09.02.2019>26.05.2019tlj sauf lun : 10 h > 17 h, 5>2€ / gratuit (-12 ans)
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