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Les dépossédés

Des vers mutants, un homme et une femme en crise, un élevage de porcs, un compositeur de musique concrète… il fallait l’imagination de Shane Carruth pour articuler tout cela sans verser dans le nanar. Mieux, avec Upstream Color, il signe un film vibrant sur l’identité humaine.

Curieux personnage que ce Shane Carruth. Mathématicien de formation, il développe un logiciel de simulation de vol avant de se lancer dans le cinéma. En 2004, il réalise Primer, un long-métrage de SF dont il est aussi scénariste, producteur, compositeur et… acteur principal. Ce film est devenu d’autant plus facilement “culte” qu’il a connu une sortie en salle très discrète. Il faudra à Carruth presque une décennie pour concrétiser le projet suivant – ce sera Upstream Color, qu’il fabrique encore une fois de A à Z. Présentée en 2013 à Sundance, cette oeuvre apparaît en France grâce à ED Distribution. Difficile de résumer l’histoire. Pour faire simple : un homme injecte un ver dans le corps de ses victimes, et parvient à les contrôler… Plus tard, Kris et Jeff se croisent, se reconnaissent. Ils ont tous deux été intoxiqués, et tentent de comprendre ce qui leur arrive… Mais ce qui importe ici est la manière dont les chairs entrent en contact – ou, plutôt, en vibration. Ce n’est pas pour rien que Carruth compose lui-même la musique. Tout est affaire de rythmes, de rimes, d’échos. Syncopé, le montage exacerbe les liens unissant l’humain à l’animal et au végétal, saisissant les métamorphoses les plus intimes du vivant.

Raphaël Nieuwjaer

De Shane Carruth, avec Amy Seimetz, Shane Carruth, Andrew Sensenig… En salle

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