Home Best of Interview Emma Hanquist

Melting-potes

Fruits d’un sacré mélange, les personnages d’Emma Hanquist sont reconnaissables au premier coup d’œil. Habituellement, ils font le bonheur de la presse internationale. Ils investissent aujourd’hui les pages d’un livre pour enfants. Comment sont-ils nés ? L’illustratrice suédoise nous dévoilent ses secrets de fabrication.

Quel est votre parcours ? Je suis originaire d’une petite île située au large de la côte est de la Suède appelée Gotland. J’ai grandi dans ce cadre idyllique avec mes quatre sœurs. Après avoir vécu durant 16 ans dans différentes villes du monde, je suis finalement revenue vivre ici avec mon mari et mes deux enfants. J’ai étudié à l’étranger, notamment au Maryland Institute College of Art. Après avoir envisagé plusieurs pratiques artistiques, j’ai découvert que mon truc c’était l’illustration.

Comment décririez-vous votre style ? Mes personnages jouent une place centrale. Ils ont un peu évolué au fil des années mais sont toujours plus ou moins fabriqués de la même manière : les yeux, le nez et la bouche sont découpés dans différentes photographies, puis mélangés et collés pour former de nouveaux visages.

D’où tirez-vous votre matière première ? Les traits de mes personnages sont issus de plusieurs visages. Le nez et la bouche peuvent provenir d’un homme et les yeux d’une femme… Chaque nouvel être n’appartient pas à un genre déterminé. J’ai commencé en utilisant des photos de stars du cinéma des années 1930 et 1940, pour leurs coiffures et expressions intéressantes. Cependant, la plupart d’entre-elles sont blanches… Pour diversifier sensiblement le travail, j’ai alors utilisé Google. Sinon, je sollicite aussi des amis ou membres de ma famille.

(c) Emma Hanquist

Quelle est votre technique ? Je mixe les techniques manuelles et numériques. D’abord, je crée des formes que je remplis avec des couleurs, des textures. Les arrière-plans reposent sur des collages analogiques que j’ai réalisés moi-même puis scannés. J’y ajoute enfin des dessins conçus numériquement, sur une tablette graphique. Et puis j’assemble ensuite le tout grâce à Photoshop.

Quelle sont vos influences artistiques ? Je puise mon inspiration chez d’autres artistes, particulièrement dans les livres de mes enfants, car il y a beaucoup d’images intéressantes dans la littérature de jeunesse. Je suis aussi influencée par des choses qui ne sont pas liées à l’art. En ce moment par exemple, les ombres me fascinent.

Quels sont vos sujets favoris ? Je cherche à illustrer les sentiments, les émotions, le langage corporel. Les relations entre les gens m’intéressent, surtout dans mon travail pour la presse. Je m’engage aussi personnellement avec certains thèmes comme l’égalité des sexes, le féminisme et l’anti-racisme.

Que voulez-vous exprimer ? Difficile à dire. Je veux vraiment changer les normes. Je me sens obligée, en tant que « créatrice d’images », de m’opposer à celles qui nous entourent et auxquelles nous sommes habitués. Si, par exemple, un client me demande d’illustrer un patron, je le ferais avec une femme noire, parce que ce n’est pas courant alors que cela devrait l’être.

Comment choisissez-vous vos couleurs ? C’est une de mes grandes passions. Je fonctionne par périodes. En ce moment j’emploie beaucoup l’abricot. J’essaie de me lancer des défis en choisissant des couleurs que je n’ai jamais utilisées. Certaines sont plus difficiles à utiliser que d’autres. Dernièrement, je ramais avec la couleur verte.

Quelles sont les qualités d’un bon illustrateur ? Les idées. Si vous êtes capable de résumer un texte en une illustration, le style est secondaire.

(c) Emma Hanquist

 

Quels sont vos clients ? Je travaille surtout pour la presse, des journaux renommés aux petits magazines littéraires, mais aussi, parfois, avec des agences publicitaires. J’ai aussi réalisé des illustrations pour des films d’animation par le passé.

Travaillez-vous pour des auteurs de livres jeunesse ? Je viens juste de terminer mon premier livre pour enfant avec l’auteur Lina Ekdahl*. C’est la première fois que je collabore aussi longuement avec un auteur. D’habitude, je ne dispose que de quelques jours…

Si vous n’aviez pas été illustratrice, qu’auriez-vous fait ?  J’ai l’impression que c’était ma destinée… Sinon, je me serais encore plus engagée dans les domaines de la charité ou de la politique.

A LIRE AUSSI : LE PORTRAIT D’EMMA HANQUIST

A lire : On fait des miettes, on imite le coucou, de Lina Ekdahl et Emma Hanquist, Editions Cambourakis, 32p., 14€, www.cambourakis.com

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© Thomas Jean