Home Reportage La Botike belge

La Belgitude des choses

Une enclave belge en plein 10e arrondissement parisien ? La Carolo Charlotte Smoos a osé, et ouvert en décembre la première « épicerie culturelle » dédiée au plat pays. Entre galerie d’art, comptoir gastronomique et boutique de créateurs, sa « Botike » (« petite échoppe » en wallon) attire déjà au-delà de la capitale.

La devanture est à la fois charmante et discrète, avec ses vitrines arquées surmontées de l’inscription « corsets » en doré fané. Nous voici devant l’ancienne corseterie Claverie. « Je passais devant tous les jours, se souvient Charlotte Smoos, installée à Paris depuis 15 ans. Quand j’ai vu que le commerce de prothèses qui s’y trouvait était en liquidation, j’ai eu envie de faire quelque chose pour sauvegarder ce lieu, et la mémoire ouvrière du quartier Louis Blanc ». Fière de ses racines, la scénographe ne tarde pas à trouver son concept : un cabinet de curiosités mettant en valeur les talents de son pays, soutenu commercialement par une épicerie. « C’était un défi, car il n’y a pas de lieu de ce genre à Paris. Mais j’ai pensé qu’un peu de folie belge serait bienvenue au milieu des conventions françaises ! ».

La Belgique en bouteille – Lait chocolaté Cécémel, cramique frais importé de Bruxelles, conserves de carbonade ou de potjevleesch… Les marchandises exotiques s’alignent sur les étagères joliment désuètes de l’entrée. « Il y a les clients belges ou nordistes qui viennent chercher des produits de leur enfance, mais aussi des amateurs de belles choses, qui font fonctionner le bouche-à-oreille ». Car la pièce adjacente, aux murs bleu nuit et à l’éclairage travaillé, accueille une sélection pointue d’œuvres d’art et de mobilier made in Belgium. Ce jour-là, les tableaux de François Jacob, rencontré sur les bancs des Beaux-Arts, côtoient les coiffes poétiques de Florence Coenraets, présentées sur une table chinée aux puces de la place du Jeu de balle, à Bruxelles. Un troisième espace, enfin, rassemble des livres dédiés à l’art belge et des Tintin ou Pierre Tombal glanés en vide-grenier. « Je fonctionne par trouvaille, au coup de cœur », indique Charlotte Smoos, qui réfléchit déjà à d’autres projets. Une formule déjeuner, prévue pour le printemps et comprenant chaque semaine deux recettes de pistolets préparées par un chef, et un évènement mensuel, mixant culture et gastronomie à l’heure de l’apéritif. « Une dégustation avec un chocolatier, un mini concert de jazz ou de musique de chambre… ». Après tout, pourquoi choisir entre nourriture du corps et de l’esprit ?

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La Botike belge, 234 rue du Faubourg Saint-Martin, Paris Xe, facebook.com/labotikebelge

mar : 16 h > 20 h, mer & ven : 11 h > 14 h 30, 16 h > 20 h, sam : 11 h > 20 h, dim : 10 h > 14 h

Marine Durand

Le Pistolet

Rien de belliqueux ici : ce petit pain gonflé et fendu en son milieu s’achetait jadis pour une pistole, monnaie utilisée jusqu’au xixe siècle. Le secret d’un bon pistolet (avant de le garnir de fromage ou de charcuterie) ? Une mie moelleuse et une croûte croquante, comme l’assure l’un des boulangers et experts du genre, le bien nommé… Yves Guns !

 


 

 

Sauce Andalouse – vs – Dallas

Mélange de mayo et de tomate relevé d’épices, la sauce andalouse est un hit chez les gourmets belges, mais inconnue en Andalousie… tout comme la sauce Dallas. Enfin, jusqu’à la sortie de Dikkenek, qui a boosté la carrière de cette douceur sucrée et piquante (« A dikkenek knows why » annonce le flacon…)

 


 

 

La Bière St-Feuillien

Blonde ou brune ? Difficile de trancher. Ce n’est pas le bon Feuillien qui dira le contraire. Ce moine irlandais fut décapité dans la commune de Roeulx en 655. Une chapelle fut élevée en son nom, avant de devenir une abbaye au xiie siècle, où naquit ce breuvage fruité et épicé. Avec modération, hein ?

 


 

Le Cécémel

Lait aromatisé avec différents (et mystérieux) cacaos, le Cécémel a été créé par des Hollandais et lancé en Belgique en 1949. Il s’appelait au départ Chocomel mais, le nom étant déjà pris, des lettres furent remplacées par des points (C.c.mel). Et fut donc baptisé comme il se prononçait.

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