Home Cinéma Boyhood

La vie devant soi

© INC.IFC-PRODUCTIONS

Richard Linklater joue avec le temps depuis toujours. Ainsi, le tournage de Boyhood s’est étalé de 2002 à fin 2013. Pendant ces années, les portables sont devenus “intelligents”, Harry Potter a trouvé la bonne formule, Obama a remplacé Bush Jr. Dans ce monde en mutation, un enfant grandit et une famille se métamorphose.

À contre-courant de la pratique industrielle qui domine le cinéma, Linklater a réuni chaque année son équipe pour tourner, durant quelques jours, un fragment de la vie de Mason, depuis ses six ans jusqu’à son entrée à l’université. Ce qu’il enregistre ainsi, aucun “truc” habituel (effets numériques, utilisation de différents acteurs,…) ne peut le rendre. Rien de plus élémentaire, pourtant. Le temps passe, transformant les corps et l’environnement. Boyhood procure d’abord une émotion que l’on croyait réservée aux séries, le fantasme de saisir les personnages, leur évolution, en temps réel. Mais ce film offre davantage : la dissolution de la narration dans la vie.

Une rencontre

Boyhood aurait pu n’être qu’un grand film sur l’enfance et l’adolescence, une compilation de scènes obligées (disputes des adultes, premier baiser, rupture amoureuse…). Il n’en est rien. La progression est nettement plus sinueuse. Certes les crises, les rituels familiaux ou scolaires traversent l’œuvre mais servent une expérience infiniment plus riche. Où l’on vérifie que la vie continue, quoi qu’il arrive. Une formule de consolation qui se présente à nous de manière concrète. Douze années passent, ont passé, insensiblement et en un clin d’œil. On quitte alors, bouleversé, Mason au seuil de sa vie d’adulte. Avec le sentiment rare d’avoir fait une rencontre.

Raphaël Nieuwjaer

Un film de Richard Linklater

Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater…

Sortie le 30.07.

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