Home Cinéma Les 20 ans de Groland

GroMIAM

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Coincé quelque part entre Dunkerque et Moscou, le Groland se situe nulle part, donc partout. Fondé il y a vingt ans par une bande de doux-dingues, cette Présipauté prend ses quartiers au MIAM, à Sète. Et si vous viendez, vous y trouverez… D’un côté, Jules-Edouard Moustic, chef de bande et présentoir (sic) du journal du Groland. De l’autre, le peintre libertaire Hervé Di Rosa, fondateur du Musée International des Arts Modestes. Ces deux esprits libres unissent leurs forces pour monter une exposition qui célèbre vingt ans de subversion cathodiques et visuelles.

evnt_groland_brasEst-il encore nécessaire de présenter la nation grolandaise ? Cette bande d’auteurs, journalistes, cinéastes, blagueurs et performeurs dynamitent depuis 20 ans les access prime-time de Canal + : Le CANA L international, Le 20H20 (et son fameux « du vin, du hash et du vin »), les interviews navrantes de Michael Keal, les outrages fascisants de Francis Kuntz ou les performances dada du Président Salengro (ex-danseur de Découflé, il est toujours bon de le rappeler). Le Groland n’a jamais cessé de mettre son doigt là ou ça fait rire, avec une impunité salutaire. Et Gromiam dans tout ça ? C’est la fusion de Groland et du MIAM. Unique en son genre, le MIAM, créé par Bernard Belluc et Hervé Di Rosa (initiateur en compagnie de Combas de la Figuration libre française dans les années 80), est un authentique musée qui accueille depuis l’an 2000 l’art minuscule avec un grand M. Art brut ou naïf, graffiti ou artisanat tribal, collections en tous genres, miniature ou BD, ce temple de l’art populaire est devenu en douze ans un lieu emblématique de la création contemporaine hors-circuit. La rencontre de ces deux univers tombait sous le sens.

© Pierre Schwartz / Fish With Bandage On Porcelain Plate, Collection Antoine de Galbert, Paris

© Pierre Schwartz / Fish With Bandage On Porcelain Plate, Collection Antoine de Galbert, Paris

Des miasmes au MIAM
Vous vous en doutez, il est beaucoup question de dérision et de provocation, de pipi et de caca, de fesses et de sang, de rires jaunes et d’humour noir. Le quintette maléfique (Kervern, Salengro, Moustic, Delépine, Kuntz) accueille le public avec un parcours sur trois niveaux où s’entassent décors, vidéos et objets. Des reliques sacrées, issues des plateaux, des sketchs ou du Festival du film grolandais de Q uend (en Picardie). Et que trouve-t-on dans ce bouzin ? Citons dans le désordre un supermarché (le fendard H yperGro), une buvette/bistrot comme on aimerait en visiter plus souvent, et moult souvenirs, détournements et autres surprises réparties dans divers espaces richement décorés. Si l’immersion dans l’univers est totale, elle est aussi rythmée et ponctuée par les interventions et les oeuvres d’artistes amis comme Claude Lévêque, Guy Limone ou John Issacs. Marrant ? Oui, mais pas que. Derrière la potacherie subversive de ces méfaits télévisuels, se planque, l’air de rien, une valeureuse et authentique conception de la création contemporaine.

Ludovic Deleu

Gromiam : Les 20 ans de Groland du 2.06 au 11.11 au Miam à Sète (34), www.miam.org

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